Le 25 septembre 2019, la branche syrienne hors-la-loi des Frères musulmans (SFM) a publié une déclaration très ferme, affirmant qu’elle n’aurait rien à voir avec l’Assemblée constituante mandatée par les Nations Unies, qui devait commencer ses travaux à Genève cinq jours plus tard. Ces pourparlers, a-t-elle ajouté, n’étaient rien d’autre que de la poudre aux yeux pour légitimer la solution militaire imposée à la population syrienne par le régime Bachar el-Assad et ses partisans, l’Iran et la Russie[1]. La SFM s’opposait au processus dans son ensemble, car il ne faisait aucune mention d’un gouvernement de transition sans Assad[2]. «Nous ne comptons au sein de ce comité, a indiqué la SFM, aucun membre officiel ou non officiel.»
Techniquement, c’est exact: Ahmad Sayyed Yousef, seul membre de l’Assemblée constituante affilié à la SFM, a été retiré de la délégation de l’opposition quelques jours avant le début des pourparlers et remplacé par Hisham Mroweh, avocat[3]. Aucun des 50 noms restants représentant l’opposition syrienne n’est affilié à la confrérie et les 50 délégués des organisations de la société civile ne le sont pas non plus. La position de la SFM a toutefois laissé beaucoup de gens perplexes étant donné que son allié fidèle, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a remué ciel et terre pour les injecter dans le système politique syrien depuis 2011, et que la Turquie détient désormais le dossier de l’opposition syrienne.
La bénédiction d’Erdogan a été essentielle pour le lancement du processus constitutionnel syrien, qui a été approuvé lors du dernier round des pourparlers d’Astana avec la Russie et l’Iran en septembre. Tous les autres alliés syriens de la Turquie sont convenablement représentés dans la délégation de l’opposition, y compris la Coalition nationale syrienne (CNFOR) et l’Armée syrienne libre (ASL). Il était tout à fait logique que la SFM soit également présente en tant que l’un des premiers groupes à avoir été instrumentalisé par la Turquie au sein de l’opposition syrienne. Il existe aussi une affinité idéologique. Le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en Turquie tire ses racines idéologiques des Frères musulmans, et des personnalités éminentes des branches des Frères du monde entier, en particulier celle de l’Égypte, sont désormais installées à Ankara et à Istanbul[4].
L’avenir de la confrérie est de plus en plus incertain dans toute la région. En Syrie, ni la SFM ni l’opposition laïque ne peuvent à présent réussir à destituer Assad par la force. Et la voie du processus démocratique n’a pas mieux fonctionné, comme on l’a vu d’abord en Palestine, puis en Égypte. Lors des élections législatives palestiennes de 2006, le Hamas, la branche locale de la Fraternité, a gagné 74 des 132 sièges du Parlement[5]. Six ans plus tard, le candidat frériste aux élections présidentielles égyptiennes, Mohammad Morsi, a remporté 51,75 % des suffrages et 235 des 508 sièges du Parlement égyptien[6]; de même, les Frères ont obtenu 60 des 100 sièges de l’Assemblée constituante d’Égypte. En 2013, la confrérie a été retirée du pouvoir en Égypte et le nouveau gouvernement a contribué à isoler un Hamas déjà impopulaire à Gaza.
Loi n°49
Parmi les raisons pour lesquelles la SFM a été retirée du processus constitutionnel, il y a le rejet catégorique du régime Assad, qui a criminalisé toute opposition à son gouvernement, mais qui méprise avant tout les Frères musulmans et insiste pour qu’il ne traitera jamais avec la SFM. Brandissant les menaces de quitter le processus—et le dirigeant russe Vladimir Poutine avait besoin de ce processus pour finaliser sa vision de la fin de la partie syrienne—la question a été portée par Moscou à Erdogan, et la SFM a été écartée.
C’est en Syrie que la première interdiction légale, la loi n° 49, a été mise en place contre les Frères musulmans. En vertu de la loi, qui qualifie la confrérie d’organisation terroriste, provoquée par une tentative d’assassinat ratée du dictateur de l’époque, Hafez el-Assad, en 1980, interagir même avec les Frères est une infraction pénale. Officiellement, l’appartenance à la SFM est un délit passible de la peine capitale. Ces dernières années, des poids lourds arabes comme l’Égypte, l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis (EAU) se sont joints à la Syrie d’Assad pour mettre les Frères au ban. Ils partagent tous le point de vue selon lequel la confrérie ne peut être distinguée des terroristes d’Al-Qaïda.
Les Frères musulmans et le djihadisme
La confrérie a des similitudes avec les salafistes-djihadistes comme Al-Qaïda et l’État islamique (EI). Les frères et les djihadistes aspirent tous deux à un califat islamique dirigé par un calife. Les différences sont stratégiques. Selon L’ijtihad (discours intellectuel) du fondateur de la société des Frères musulmans, Hasan el-Banna, le problème fondamental du monde musulman était la corruption individuelle et la décadence morale de la société. Les musulmans devaient donc se débarrasser non seulement des formes physiques d’occupation, mais aussi des influences occidentales qui contredisaient la morale de l’islam et affectaient le comportement de ses fidèles. Banna a déclaré qu’après avoir libéré le monde musulman de la domination coloniale, le moment serait venu de créer l’État islamique. «Sans sa création, chaque musulman vivrait dans le péché et serait coupable devant Allah de ne l’avoir pas fait.» a-t-il ajouté . C’est ainsi que la SFM a justifié sa décision de se présenter au Parlement dans les années 1950, en prétendant que la chaire de la Chambre servirait à lancer l’appel en faveur d’un État islamique[7].
Au Parlement, la SFM s’est avérée non seulement fanatique, mais mesquine. À un moment donné, elle a déposé un projet de loi demandant à l’État d’appliquer une nuance de noir supplémentaire à la mince melaya que les femmes portaient en public, et a exigé l’interdiction des albums du chanteur pop syrien Farid el-Atrache, basé au Caire, qui était adoré par les adolescentes syriennes. En 1950, la SFM fit pression pour empêcher l’érection de la statue du général Youssef al-Azmeh au centre-ville de Damas, ministre de la guerre tué en 1920 lors de l’affrontement contre l’armée française, au motif que les statues rappelaient le jahiliya préislamique (temps de l’ignorance) et qu’il s’agissait de pratiques païennes à éradiquer. Ce comportement laisse présager la destruction par les talibans des anciennes statues bouddhistes sur le flanc d’une falaise dans la vallée de Bamiyan à Hazarajat, au centre de l’Afghanistan, au début de 2001, et la dévastation culturelle plus récente qui s’est produite en Syrie, d’abord par la branche syrienne d’al-Qaïda, Jabhat al-Nusra, qui, par exemple, a décapité une statue du poète et philosophe abbasside Abu Ala’a al-Ma’ri à Marat al-Numan en 2013, puis par l’État islamique, qui s’est déchaîné dans des endroits comme la ville antique de Palmyre.
La SFM aurait pu objecter qu’Abu Bakr al-Baghdadi était un prétendant au calife, mais ce sont eux qui avaient introduit le concept dans le dictionnaire politique syrien, le publiant dans leurs sermons et dans leur quotidien, Al-Manar, lequel a été interdit de parution par la force en 1963 par le nouveau régime baas. Peu après, en 1964, la branche SFM a organisé sa première révolte en représailles à l’escalade de la répression par les baasistes, qui comprenait une interdiction totale de l’organisation, et la SFM est de nouveau entrée en rébellion en 1976 après l’invasion du Liban par le régime syrien. Le deuxième soulèvement s’est terminé en massacre, à Hama, en février 1982.
Au milieu des années 1980, une petite poignée des membres de la SFM se sont réconciliés avec le régime syrien, tandis que d’autres se sont rendus en Afghanistan pour combattre l’occupation soviétique. De là, la SFM a déclaré qu’elle ne se reposerait pas avant de revenir victorieuse dans son pays. Pour ce faire, ces derniers avaient besoin de beaucoup de choses qu’ils n’avaient pas, à savoir de l’argent, des armes et un leadership compétent. En 1984-1985, les commandants et les théoriciens vieillissants de la SFM avaient causé l’effrondement de l’organisation. Politiquement, c’était révolu. Un grand nombre d’anciens combattants de la SFM ont ensuite rejoint les camps dirigés par Oussama Ben Laden à la fin de la guerre avec les Soviétiques.
Ben Laden fournissait des ressources aux Syriens. Elles constituent un bon investissement: des citadins instruits, bénéficiant d’une grande expérience du combat. Quatre-vingt-dix pour cent d’entre eux étaient diplômés d’université, et presque tous parlaient couramment l’anglais ou le français. Cela signifiait qu’ils pouvaient se déplacer en Europe pour des missions secrètes en cas de besoin. La plupart étaient issues de familles de la classe moyenne et ne s’étaient point engagés pour des raisons pécuniaires, mais plutôt pour des raisons idéologiques. Les camps d’entraînement d’Afghanistan dirigés par Ben Ladin ont absorbé certains des membres les plus éminents de la SFM, à l’instar de Mustapha Setmariam Nasser (Abou Moussab al-Souri) et de Muhammad al-Bahaya (Abou Khaled al-Souri), tous deux arrêtés à l’étranger et renvoyés en Syrie en 2005; le régime Assad a libéré en 2011 al-Bahayan, lequel a par la suite été dépêché comme envoyé spécial de l’émir al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri. Al-Bahaya a été tué sur le champ de bataille syrien en 2014 par des kamikazes de l’État islamique. Parmi les autres affiliés de la SFM qui ont prêté allégeance à Al-Qaïda, figurent l’homme d’affaires Mamoun al-Darkazally, accusé de diriger une cellule secrète à Hambourg directement liée aux attentats du 11 septembre, et le présentateur de télévision d’Al-Jazeera Tayseer Allouni, accusé par les tribunaux espagnols d’être lié à Al-Qaïda. Allouni était un bon ami d’Al-Bahaya, l’homme qui l’a aidé à ouvrir un bureau pour la chaîne qatarie en Afghanistan sous le régime taliban.
La peur des sanctions américaines
Erdogan craint que le président américain Donald Trump ne mette un jour ses idées en pratique et ne désigne la confrérie comme une «organisation terroriste»[8]. En avril dernier, l’attachée de presse de la Maison Blanche Sarah Sanders a déclaré: «Le président a consulté son équipe de sécurité nationale et les dirigeants de la région qui partagent ses préoccupations « , une référence au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, et «cette désignation est en cours de réalisation dans le processus interne»[9]. Une telle action exclurait la SFM de l’Assemblée constituante et poserait d’autres problèmes aux Turcs.
De même, il se peut fort bien que la SFM elle-même ait voulu rester en dehors du processus, craignant, ce qui n’est pas déraisonnable, qu’Erdogan ne les vende aux Russes, comme cela s’est produit avec de nombreux groupes d’opposition armés. L’opposition syrienne n’a guère d’autre choix que de s’en tenir à Erdogan—le Qatar ne peut pas leur apporter le même soutien militaire et politique, certainement pas après le boycott imposé par le Quarté (Arabie saoudite, EAU, Bahreïn et Égypte) en 2017—mais il ne reste que quelques illusions au sujet de la politique turque. En 2016, Erdogan a laissé tomber l’opposition armée d’Alep afin d’expulser l’État islamique et les militants kurdes des zones frontalières autour de Jarablus, Azaz, et Al-Bab. En 2018, la bataille de la Ghouta orientale a été abandonnée au profit de l’invasion de l’Afrine. La politique principale de la Turquie consiste à contenir l’expansionnisme kurde est la et, pour y parvenir, il faut rompre tout lien avec les Russes, lesquels ont un impact négatif sur l’opposition syrienne. La SFM ne devrait pas s’attendre à autre chose. Après tout, le processus constitutionnel lui-même est un gage de la victoire russe.
Propositions d’amendements à la constitution de la Syrie
Les islamistes syriens ne sont pas impressionnés par les propositions de réformes de la nouvelle constitution, rédigées par les législateurs russes début 2018. L’une des suggestions faites consiste à supprimer l’article 3, qui stipule que le président de la République doit être musulman[10]. Cet article est présent dans toutes les chartes syriennes depuis 1920, et toutes les tentatives antérieures pour la supprimer ont provoqué des émeutes; la dernière fois, c’était en 1973, sous la direction de la branche syrienne des Frères musulmans. Les Russes veulent que l’article soit supprimé dans le cadre de leur politique de cooptation des chrétiens du Levant et de promotion de leur intervention brutale en guise de campagne de protection des droits des minorités. Cela aurait peu de résultats concrets en raison de la démographie des chrétiens en Syrie, mais c’est une atteinte à une société musulmane conservatrice qui hérite déjà de la domination de leur pays par la secte alaouite et ses mécènes étrangers.
Les Russes ont en outre suggéré de changer le nom du pays de « République arabe syrienne » à « République syrienne », qui était son appellation avant la «fusion» syro-égyptienne de 1958 (l’occupation de la Syrie par l’Égypte). L’intention ici est de faire appel à des groupes non arabes, tels que les Turkmènes et les Circassiens. Cet appel s’adresse avant tout aux Kurdes, anciens alliés de la Russie, dans l’espoir de les récupérer de l’emprise des Américains. Pour des raisons différentes mais compatibles, la SFM et la Turquie s’y opposent, la SFM ayant soutenu ardemment l’incursion turque dans le nord de la province de Raqqa[11].
L’opposition laïque aux Frères
Les laïcs syriens n’ont guère été consternés par la grève-surprise de la SFM; pour eux, c’est un mal pour un bien. Depuis 2011, les laïcs ont eu beaucoup de mal à trouver leur place au sein de l’opposition politique syrienne à cause de l’influence des Frères musulmans, soutenus par la Turquie.
De même, les laïcs se rappellent comment la SFM a galvanisé la rue en 1950 avec une proposition visant à faire de l’Islam la religion officielle de l’État. À l’époque, les laïcs étaient fortement représentés au sein de l’Assemblée constituante qui, contrairement à aujourd’hui, était élue plutôt que nommée. Le quotidien à grand tirage Al-Qabas a publié un éditorial: «Si le pays était le nôtre, nous aurions été libres d’imposer notre religion à l’État. Ce n’est pas le cas. La Syrie est pour nous et pour tous les autres, en particulier les chrétiens qui étaient ici avant nous»[12]. La confrérie a dénigré son auteur, Najib el-Rayyes, un musulman sunnite de la ville conservatrice de Hama, le décrivant comme un athée et ennemi de l’islam. Un sous-comité a en fin de compte été créé pour trancher la question; il était composé de trois membres de haut rang des Frères musulmans, dont le fondateur de sa branche syrienne, Mustapha Sibai’i. En guise de conclusion, il a été décidé de faire du fiqh islamique la source de toute la jurisprudence en Syrie, plutôt que la religion officielle de l’État. Les communistes, les baasistes et les personnalités indépendantes de l’opposition voient toujours dans cet épisode une occasion en or de faire progresser la laïcité institutionnelle dans toute la Syrie, laquelle a été contrecarrée par les Frères. Compte tenu de tendance idéologique à la théocratie, les Frères n’auraient pas gaspillé leurs efforts pour faire avancer une fois de plus une telle vision; leur intérêt pour la démocratie, l’égalité, la liberté d’expression et la primauté du droit est pour le moins conditionnel.
«Je pense que la barre de ce qui peut être accompli devrait être placée très bas», a déclaré David Lesch, un éminent professeur d’université et auteur sur la Syrie. «Des négociations plus équilibrées exigent des participants plus équilibrés», a-t-il ajouté à EER: «À l’heure actuelle, le gouvernement syrien détient la plupart des cartes. Il a de l’influence et, comme tout gouvernement, il va l’utiliser au maximum pour obtenir ce qu’il veut, c’est-à-dire faire le moins possible en termes de réformes politiques tout en pouvant encore servir de façade à la communauté internationale pour qualifier cela de succès. Ce sont les Russes, les Turcs, les Iraniens et le gouvernement syrien qui prendront de toute façon les décisions importantes en coulisses.»
RÉFÉRENCES
[1] “Ikhwan Souriya tarfod al-Lajna al-Dustouriya” (The Syrian Brotherhood says no to the Constitutional Committee), Sham Network (September 25, 2019): https://tinyurl.com/y64osbwc
[2] “Ikhwan Souriya yansahiboun min al-Lajna al-Dustouriya” (The Syrian Brotherhood withdraws from the Constitutional Committee) Al-Arabi al-Jadid (September 28, 2018): https://tinyurl.com/y3htugd9
[3] “Taghayurat fi al-Lajna al-Dustouriya” (Chances in the Constitutional Committee) Rozana FM (September 24, 2019: https://tinyurl.com/yyb5qbeh
[4] Aydin-Duzgit, Senem. “The seesaw friendship between Turkey’s AKP and Egypt’s Muslim Brotherhood” Carnegie Endowment for International Peace (July 24, 2014): https://carnegieendowment.org/2014/07/24/seesaw-friendship-between-turkey-s-akp-and-egypt-s-muslim-brotherhood-pub-56243
[5] “Hamas sweeps to election victory,” BBC (January 26, 2006): http://news.bbc.co.uk/2/hi/middle_east/4650788.stm
[6] Kirkpatrick, David. “Muslim Brotherhood wins 47% of Egyptian Assembly seats,” New York Times (21 January 2012): https://www.nytimes.com/2012/01/22/world/middleeast/muslim-brotherhood-wins-47-of-egypt-assembly-seats.html
[7] Banna. Hasan. Fi al-Da’wa: Wa Hiya Silsila Min Khutab wa Makalat (In the Call to Islam: A series of Speeches and Essays) Tawakul Press, 1935, page, 107.
[8] “Trump pushes to designate the Muslim Brotherhood a terrorist group,” New York Times (April 30, 2019): https://www.nytimes.com/2019/04/30/us/politics/trump-muslim-brotherhood.html
[9] Holland, Steve & Mohammed, Arshad. “Trump weighs labeling Muslim Brotherhood a terrorist group,” Reuters (April 30, 2019): https://www.reuters.com/article/us-usa-trump-muslimbrotherhood/trump-weighs-labeling-muslim-brotherhood-a-terrorist-group-idUSKCN1S6159
[10] “Al-Rouiya al-Rousiya lil Islahh al-Doustori fi Souriya” (Russia’s vision for constitutional reform in Syria) Jusoor for Studies (February 7, 2018): https://jusoor.co/details/The%20Russian%20Vision%20towards%20the%20Constitutional%20Reform%20in%20Syria/372/ar
[11] Kandil, Amr Mohamed. “Muslim Brotherhood unthinkably supports Erdogan,” Egypt Today (October 9, 2019): https://www.egypttoday.com/Article/2/75648/Muslim-Brotherhood-unthinkingly-supports-Erdogan-Turkish-opposition-figure
[12] Al-Qabas (12 February 1950).