Le Réseau de sensibilisation à la radicalisation (RSR) a commencé à fonctionner en 2011 en tant qu’un des outils de la Commission européenne pour accroître la sécurité de l’Europe grâce à la stratégie de sécurité intérieure de l’UE.
Selon ce document, cinq objectifs stratégiques ont été définis, parmi lesquels «Prévenir le terrorisme et lutter contre la radicalisation».
Afin d’atteindre cet objectif important, trois lignes d’action ont également été définies:
1. Donner aux communautés les moyens d’empêcher la radicalisation et le recrutement;
2. Couper l’accès des terroristes au financement et au matériel et suivre leurs transactions; et
3. Protéger le transport.
Le RSR est la méthode utilisée par la Commission européenne pour mettre en œuvre la première de ces actions.
Le RSR a évolué pour devenir le centre d’excellence du RSR le 1er octobre 2015.
Le RSR a été défini par la Commission européenne comme «un réseau de praticiens de première ligne ou de citoyens de toute l’Europe qui travaillent au quotidien avec des personnes qui ont déjà été radicalisées ou qui sont exposées au risque de radicalisation. Les praticiens incluent les agents de police et les autorités pénitentiaires, mais également ceux qui ne participent pas traditionnellement aux activités de lutte contre le terrorisme, tels que les enseignants, les animateurs de jeunesse, les représentants de la société civile, les représentants des autorités locales et les professionnels de la santé.»
Le RSR est beaucoup plus qu’un simple réseau professionnel.
Les principaux objectifs du RSR peuvent être décrits comme suit:
1. Faciliter les échanges entre les praticiens eux-mêmes d’une part et entre eux et les autres parties prenantes de l’autre. Il est essentiel d’encourager la collaboration et la coopération entre ces praticiens, y compris avec les autorités et les chercheurs nationaux, régionaux et locaux, ainsi qu’avec les institutions de l’UE.
2. apporter un soutien à l’UE et à ses États membres (dans certaines circonstances, même à des pays tiers). La CE est appuyée par la rédaction de documents de politique et de thèmes qui alimenteront le débat politique et l’organisation d’événements tels que la Conférence de haut niveau et les événements thématiques. Les services de conseil, de formation et autres services ad hoc constituent un élément supplémentaire qui est offert à titre d’appui aux États membres. Les pays tiers et les autorités nationales prioritaires seront également ajoutés à la « clientèle ».
3. Enfin, diffuser les connaissances acquises sur la base des activités RAN à plusieurs publics.
Avec les objectifs énoncés, il est essentiel d’examiner une question de définition:
Quelle est la vision du RSR sur la radicalisation?
Même si la radicalisation doit toujours être comprise comme un processus complexe et hautement individualisé, il existe certaines caractéristiques communes qui peuvent nous éclairer sur la manière de faire face au phénomène. L’identification de ces caractéristiques est l’une des tâches les plus importantes accomplies par les praticiens de RSR.
Premièrement, il est essentiel de faire une distinction claire entre les «idées», même lorsqu’elles sont extrêmes, et les actions ou comportements violents qui en résultent. Le RSR n’est pas concentré sur la poursuite des idées en tant que telles. Le RSR se concentre sur la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent.
Il est également crucial de traiter chaque type d’extrémisme violent selon ses propres termes, en examinant les différentes causes, les facteurs d’attraction et de répulsion, et le ou les discours qui en sont l’objet.
L’approche du RSR pour lutter efficacement contre la radicalisation (entendue comme un extrémisme violent) peut être définie comme «l’ADN du RSR». Cet ADN du RSR comporte quatre grandes lignes d’action ou principes de base:
1. Associer et former des praticiens de première ligne, en tant que premier point de contact professionnel pour les personnes risquant d’être radicalisées ou en contact étroit avec des individus déjà radicalisés.
2. Prévention: il est crucial d’investir dans des actions cherchant à éliminer le terreau de la radicalisation afin d’empêcher ces processus ou de les arrêter le plus tôt possible, en s’appuyant sur les facteurs incitatifs et attractifs et sur les facteurs propices à cette implication.
3. Une approche multiagences est la clé: elle associe services de répression, autorités locales, organisations professionnelles de santé ainsi que les ONG et des représentants des communautés.
4. Des actions spécifiques, adaptées aux conditions locales. Le principe bien connu selon lequel «un modèle ne convient pas à tous» est particulièrement pertinent. Chaque processus est différent et c’est la raison pour laquelle il est si important de comprendre les antécédents, les griefs, les motivations, les peurs, les frustrations, etc. des individus, afin de pouvoir développer une intervention appropriée. Outre les facteurs internes, des facteurs externes tels que l’environnement social de l’individu et d’autres circonstances locales doivent être pris en compte pour fournir un soutien efficace.
La structure du RSR
Le RSR est formé de neuf groupes de travail thématiques, dirigés par un comité de pilotage et présidés par la Commission.
Le comité de pilotage comprend les responsables des groupes de travail et du centre d’excellence.
Comme mentionné précédemment, les groupes de travail du RSR se concentrent sur différents domaines:
1. Groupe de travail Communication et discours (RAN C & N)
2. Groupe de travail Éducation (RAN EDU)
3. Groupe de travail EXIT (RAN EXIT)
4. Groupe de travail Jeunes, familles et communautés (RAN YF&C)
5. Groupe de travail Autorités locales (RAN LOCAL)
6. Groupe de travail Prison et probation (RAN P & P)
7. Groupe de travail Police et maintien de l’ordre (RAN POL)
8. Groupe de travail Souvenir des victimes du terrorisme (RAN RVT)
9. Groupe de travail Soins de santé et aide sociale (RAN H & SC)
*Graphique tiré des documents officiels de RSR
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Résultats du RSR: une approche européenne ascendante
Les activités, les recherches et les réunions de groupes de travail menées sous la tutelle du RSR par des praticiens de première ligne, apportant leur expertise et leur expérience, doivent être rassemblées. Plusieurs outils ont été envisagés pour synthétiser ces connaissances ascendantes et les mettre à la portée du public nécessaire de manière accessible et simple.
La collection d’approches et de pratiques du RSR présente un ensemble de sept approches de praticiens dans le domaine de la prévention de la radicalisation, chacune illustrée par un certain nombre de leçons apprises et de pratiques et projets sélectionnés.
La collection doit être considérée comme un outil pratique, évolutif et en expansion, où praticiens, premiers responsables et décideurs peuvent s’inspirer, trouver des exemples adaptables à leur contexte local/spécifique et identifier leurs homologues pour échanger des expériences de prévention.
En tant qu’œuvre en cours d’élaboration, la collection du RSR sera continuellement ajustée et améliorée avec les nouvelles pratiques des États membres de l’UE/EEE.
De la même manière, les documents sur les questions et politiques sont également lancés par le centre d’excellence du RSR sur différents thèmes. Ils présentent les dernières conclusions de la recherche – recueillies par les centres d’excellence du RSR – et incluent les commentaires des praticiens de première ligne. Tous sont examinés par les parties prenantes concernées au sein du comité de rédaction du RSR avant leur publication.
Le RSR encourage également la participation de la société civile. C’est la raison pour laquelle le programme d’autonomisation de la société civile (PACV) a également été lancé.
Ce PASC rassemble et soutient la société civile, les organisations locales et les voix crédibles, en leur fournissant des sessions de renforcement des capacités et de formation, et en encourageant le partenariat entre les organisations de la société civile disposant d’internet et des entreprises de médias sociaux, dans le but de soutenir des campagnes visant à atteindre les personnes vulnérables et celles exposées au risque de radicalisation et de recrutement par des extrémistes.
Enfin, la dernière et récente création du RSR, le groupe de travail YOUNG du RSR (RAN YOUNG), vise à impliquer les jeunes (âgés de 18 à 25 ans) en tant que contributeurs de valeur à la prévention et à la lutte contre l’extrémisme violent. L’Académie d’autonomisation RAN YOUNG est un projet principalement destiné aux jeunes qui souhaitent approfondir leurs connaissances et développer leurs aptitudes et leurs compétences en matière de prévention de la radicalisation.
C’est le travail fourni par le RSR aujourd’hui dans la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent, mais en tant qu’organisation vivante, ses objectifs, ses lignes de travail, ses produits et ses approches évoluent en permanence pour répondre aux besoins réels et actuels des praticiens, des différentes parties prenantes, des États membres et de l’Union européenne à s’attaquer à cette tendance inquiétante et à faire de l’Europe un lieu plus inclusif et plus sûr.