• En
  • عربي
  • Es
Aucun résultat
Voir tous les résultats
European Eye on Radicalization
  • Accueil
  • À propos
    • Qui sommes nous
      • Comité de rédaction et personnel
      • Contributeurs
    • Le point de vue
  • Analyses
  • Articles d’opinion
    • Éditoriaux de l’EER
    • Points de vue des contributeurs
  • Rapports
  • Lire sur la radicalisation
  • Événements
    • Événements de EER
    • Participation de EER aux évènements
  • Vidéos
  • Contact
  • Accueil
  • À propos
    • Qui sommes nous
      • Comité de rédaction et personnel
      • Contributeurs
    • Le point de vue
  • Analyses
  • Articles d’opinion
    • Éditoriaux de l’EER
    • Points de vue des contributeurs
  • Rapports
  • Lire sur la radicalisation
  • Événements
    • Événements de EER
    • Participation de EER aux évènements
  • Vidéos
  • Contact
Aucun résultat
Voir tous les résultats
European Eye on Radicalization
Aucun résultat
Voir tous les résultats
Accueil Articles

Obstacles à la lutte contre la radicalisation en ligne

14 octobre 2019
dans Articles
Obstacles to Countering Online Radicalization in Contemporary Democracies
976
VUES
Partager sur FacebookPartager sur Twitter

Linda Schlegel

Que l’on qualifie l’époque actuelle d’«ère d’incertitude», [1] d’ère populiste, de «rétropie» ou [2] de postmodernité, tous ces termes renvoient à la perception que nous vivons aujourd’hui, plus que jamais, dans un environnement social et politique en rapide mutation et difficile. Dans le monde occidental, la montée des médias sociaux a coïncidé avec une diminution de la légitimité de l’État-nation et de l’ordre international, ce qui entraîne des répercussions sociales et politiques dans tous les États démocratiques libéraux. Cette montée a changé la «fenêtre d’Overton»,[3] qui est l’ensemble des valeurs perçues comme dominantes, vers une plus grande acceptation du contenu populiste, post-vérité et extrémiste. Si les médias sociaux offrent sans aucun doute à l’humanité un ensemble sans précédent d’opportunités, de la communication à l’apprentissage et aux initiatives économiques, ils présentent également un nouvel ensemble de défis, notamment un tribalisme accru et des opportunités pour les organisations extrémistes de radicaliser, recruter et mobiliser des adeptes dans le monde entier. [4]

Dans les milieux universitaires, on se pose encore la question de savoir si la radicalisation peut se faire uniquement en ligne et dans quelle mesure il faut considérer les médias sociaux simplement comme une plateforme pour l’extrémisme ou comme un moyen de faciliter la radicalisation par la conception — par exemple, par des chambres d’écho ou des algorithmes de recommandation personnelle.  Quant aux organisations gouvernementales et la société civile, elles doivent relever le défi de lutter contre les processus de radicalisation en ligne, peu importe la cause qui les pousse à le faire. Cependant, il y a une multitude de problèmes associés à cette entreprise. Dans son livre War in 140 Characters, Patrikarakos trouve une abondance d’exemples témoignant de la lenteur et de la bureaucratie des structures étatiques qui ont perdu la lutte contre l’homo digitalis et les réseaux extrémistes. Alors que de nombreux chefs d’État sont maintenant sur Twitter, les bureaucraties ministérielles ne se sont pas adaptées à la culture des médias sociaux. Par exemple, Alberto Fernandez, ancien directeur du Center for Strategic Counterterrorism Communications (CSCC) du Département d’État américain, rappelle dans un entretien avec Patrikarakos combien il était difficile de mettre en œuvre des contre-discours efficaces et attrayants contre l’État islamique tout en respectant les contraintes du cadre bureaucratique.

Les bureaucraties manquent de crédibilité

Pour être efficaces, les contre-discours doivent être adaptés au langage, au ton et au style des communications sur les médias sociaux, qui exigent une certaine créativité. Il est difficile pour les structures bureaucratiques lentes de relever efficacement ces défis. «Une partie du problème était que ma vision était audacieuse pour le gouvernement, mais pas assez pour l’espace dans lequel nous travaillons», rappelle-t-il. [5] En outre, après une forte censure de la part des principales plateformes de médias sociaux, de nombreux extrémistes se sont tournés vers des systèmes plus fermés comme Telegram [6] et se sont retirés encore plus loin dans des chambres d’écho tribalisées, ce qui limite l’accès aux cibles des contre-discours. Il faut avant tout de la crédibilité pour sortir un individu de sa tribu en ligne par le biais d’une campagne de contre-discours. Cependant, les gouvernements et les bureaucraties d’État manquent de crédibilité, ce qui peut réduire l’efficacité des contre-mesures portant un logo gouvernemental.

Les démocraties libérales devraient-elles intervenir?

Outre les problèmes liés à l’élaboration de contre-mesures efficaces contre la radicalisation en ligne au sein des structures étatiques, et peut-être plus importantes encore, sont les préoccupations normatives qui entourent la question. Dans quelle mesure les démocraties libérales devraient-elles chercher à influencer la vision du monde ou les croyances de leurs citoyens? Pire encore, dans quelle mesure les démocraties libérales devraient-elles essayer d’influencer les citoyens d’autres nations dans leur vision du monde? Dans quelle mesure une démocratie libérale qui intervient lourdement dans le «marché des idées» est-elle «libérale»?

Il est maintenant bien connu qu’il faut faire la distinction entre radicalisation cognitive et radicalisation violente, c’est-à-dire entre adhérer à une certaine vision radicale du monde et prendre des mesures violentes pour faire avancer les objectifs déduits de cette vision du monde. [7] On ne sait pas exactement quel lien, le cas échéant, peut être établi entre ces deux formes de radicalisation, de même qu’on saurait dire si la radicalisation cognitive est un précurseur de la radicalisation violente. [8] Compte tenu de l’incertitude actuelle, certains diront peut-être qu’il est problématique que les contre-mesures étatiques ou parrainées par l’État vis-à-vis de la radicalisation en ligne s’attaquent à ceux qui sont simplement radicalisés sur le plan cognitif. Puisqu’ils ne cherchent pas à recourir à la violence, ils ne peuvent pas être perçus comme une menace pour la sécurité, mais seulement comme ayant des croyances qui ne sont pas celles du courant dominant. Est-il conforme à notre conception de la démocratie libérale que des individus puissent être ciblés en raison de leurs croyances plutôt que de leurs actions? Ce qui est considéré comme radical ou extrémiste dépend du contexte et évolue avec le temps. Tout comme il y a des centaines d’années, défendre le droit de vote des femmes était considéré commet radical, les idées que nous percevons comme radicales aujourd’hui pourraient s’intégrer dans le courant dominant à l’avenir. Sans l’espace pour un changement radical de la société, le progrès pourrait stagner.

Agir contre la radicalisation en ligne: une pente glissante

Néanmoins, on ne peut nier que les idées aussi peuvent être dangereuses et menacer l’ordre libéral. On ne saurait, toutefois, nier le fait que, bien que l’on débatte encore de la question de savoir si (et si oui, dans quelle mesure) la radicalisation se produit purement en ligne, la communication numérique et la propagande virtuelle jouent un rôle de plus en plus important pour attirer les individus vers les organisations extrémistes. [9] et les extrémistes de tous les horizons idéologiques utilisent la sphère Internet pour atteindre leurs buts. [10] La question est de savoir si les institutions gouvernementales ne devraient pas seulement surveiller les activités et intervenir lorsqu’elles s’engagent dans des actions illégales ou violentes, ou utiliser des contre-discours pour promouvoir leur version de la vision «correcte» et «acceptable» du monde. Certains y voient le premier pas sur une pente glissante vers un ministère orwellien de la vérité, car les contre-mesures pourraient commencer par cibler les djihadistes et les néonazis, mais, une fois établies, elles pourraient être utilisées pour mener des campagnes contre toutes sortes de groupes. Par exemple, les fermes de trolls russes ont déjà commencé à travailler à la promotion de la version russe de la réalité de la situation en Ukraine avant et après l’annexion. Par conséquent, l’étape allant de la lutte contre la radicalisation à la modification de la réalité sociale par le biais des médias sociaux n’est peut-être pas si loin. [11]

Comment les ONG peuvent jouer un rôle

Étant donné l’ampleur des problèmes liés aux contre-mesures gouvernementales associées à la radicalisation en ligne, il n’est pas surprenant que certains proposent une solution quelque peu intuitive au problème: la société civile sous forme de fondations, les ONG et les individus devraient développer et exécuter des contre-mesures dans la sphère numérique, pas l’État ou le gouvernement. Dans de nombreux pays, c’est déjà la réalité, bien que souvent sous la forme d’une coopération hybride avec la société civile et le gouvernement qui se partagent le fardeau de l’élaboration et de la mise en œuvre de mesures de déradicalisation ainsi que de programmes de lutte et de prévention contre l’extrémisme violent. Toutefois, même une approche entièrement fondée sur les organisations non gouvernementales s’accompagne d’un ensemble de questions connexes. Par exemple, la question de la crédibilité peut persister, car de nombreuses ONG reçoivent un financement pour ces projets de la part des institutions gouvernementales et doivent le rendre transparent. La crédibilité d’un grand contre-discours pourrait s’évaporer dans le vide si la vidéo ou le texte se termine par une déclaration selon laquelle il a été financé par le gouvernement même que méprise l’extrémiste (potentiel). Cette solution soulève également des questions juridiques, par exemple la question de savoir à quel moment les personnes visées doivent être remises aux autorités.

Conclusion

Dans l’ensemble, on peut conclure que tous les acteurs sont confrontés à des défis difficiles en ce qui concerne l’élaboration et la mise en œuvre de contre-mesures face à la radicalisation en ligne, mais ceux-ci touchent particulièrement les institutions gouvernementales. Les gouvernements démocratiques libéraux se trouvent déchirés entre la transparence et l’efficacité des messages, entre la lenteur de la bureaucratie et l’évolution rapide du monde virtuel, et entre les préoccupations de sécurité et les questions normatives entourant l’ingérence gouvernementale dans la formation de l’opinion des citoyens sur le «marché des idées». Cet état des choses soulève également de plus grandes questions sur la démocratie à l’ère numérique, et la question de savoir si notre compréhension de ce qu’une démocratie devrait ou ne devrait pas faire est toujours d’actualité à l’ère de la «modernité liquide» [12] avec de nouveaux phénomènes tels que les fermes à troll, les guerres sur Twitter et les extrémistes gagnant la guerre des mots sur les médias sociaux.

Ces questions plus larges, ainsi que les questions entourant les contre-mesures à la radicalisation en ligne, ne feront que gagner en importance au cours des prochaines années et il est primordial pour les décideurs politiques, les universitaires et la société civile de négocier une approche efficace à ces problèmes.

[1] Eichengreen, B. (2016). This is a true age of uncertainty for the world economy. https://www.theguardian.com/business/2016/dec/14/2016-world-economy-donald-trump-eu-jk-galbraith

[2] Baumann, Z. (2018). Retropia. Suhrkamp: Berlin

[3] Bartlett, J. (2017). Radicals Chasing Utopia: Inside the rogue movements trying to change the world. Nation Books: New York

[4] Cavanagh, S. (2019). Hivemind: The new science of tribalism in our divided world. Grand Central Publishing: New York

[5] Patrikarakos, D. (2017). War in 140 Characters: How Social Media is Reshaping Conflict in the Twenty-first Century. Basic Books: New York, p. 242

[6] Bloom, M. Hicham, T. and Horgan, J. (2017). Navigating ISIS’s Preferred Platform: Telegram. Terrorism and Political Violence. DOI: 10.1080/09546553.2017.1339695

[7] McCauley, C. and Moskalenko, S. (2014). Toward a Profile of Lone Wolf Terrorists: What Moves an Individual From Radical Opinion to Radical Action. Terrorism and Political Violence. Vol. 26 (1), pp. 69-85

[8] Guhl, J. (2018). Why beliefs always matter, but rarely help us predict jihadist violence: The role of cognitive extremism as a precursor to violent extremism. Journal for Deradicalization. Vol. 14, pp. 192-217

[9] Gill, P., Corner, E., Conway, M., Thornton, A., Bloom, M. and Horgan, J. (2017). Terrorist Use of the Internet by the Numbers. Criminology & Public Policy. Vol. 16 (1), pp. 99-117

[10] Ebner, J. (2019). Radikalisierungsmaschinen: Wie Extremisten die neuen Technologien nutzen und uns manipulieren. Suhrkamp Nova: Berlin

[11] Patrikarakos, D. (2017). War in 140 Characters: How Social Media is Reshaping Conflict in the Twenty-first Century. Basic Books: New York

[12] Baumann, Z. (2007). Liquid Times: Living in an age of uncertainty. Polity Press: Cambridge

Connexes Posts

Germany’s Well-Timed Crackdown on the Muslim Brotherhood
Articles d'opinion

La répression opportune de l’Allemagne contre les Frères musulmans

27 septembre 2022
Follow the Money (If You Can): Ennahda Accused of Corruption and Money Laundering
Articles d'opinion

Suivez l’argent (si vous en êtes capables) : Ennahdha accusé de corruption et de blanchiment d’argent

11 février 2022
Debunking Dominant Fallacies About Recent Developments in Tunisia
Articles d'opinion

Démystifier le faux raisonnement dominant sur les récents développements en Tunisie

20 août 2021
The Iraqi Paradox
Articles d'opinion

Le paradoxe irakien

19 août 2021
Tunisia After July 25
Articles d'opinion

La Tunisie de l’après 25 juillet

17 août 2021
Jihadi Competition in Post-NATO Afghanistan: the Taliban and the Islamic State
Articles d'opinion

La concurrence jihadiste dans l’Afghanistan post-OTAN : les talibans et l’État islamique

16 août 2021

Dernières nouvelles de Twitter

Populaire

The Challenges of Combatting Extremist Financing in Germany

The Challenges of Combatting Extremist Financing in Germany

6 janvier 2023
The Myth of the Remote-Controlled Car Bomb

Le Mythe des voitures piégées contrôlées à distance

16 septembre 2019

Taliban: Structure, Strategy, Agenda, and the International Terrorism Threat

7 octobre 2022
How a Swedish Agency Stopped Funding the Muslim Brotherhood

How a Swedish Agency Stopped Funding the Muslim Brotherhood

5 septembre 2022
Becoming Ansar Allah: How the Islamic Revolution Conquered Yemen

Devenir Ansar Allah: comment la révolution islamique a conquis le Yémen

24 mars 2021
The Role of Online Communities in the Expansion of Far-Right Extremism

The Role of Online Communities in the Expansion of Far-Right Extremism

3 novembre 2022

2018 EER - droits d'auteur © European Eye on Radicalization.

Aucun résultat
Voir tous les résultats
  • Accueil
  • À propos
    • Qui sommes nous
      • Comité de rédaction et personnel
      • Contributeurs
    • Le point de vue
  • Analyses
  • Articles d’opinion
    • Éditoriaux de l’EER
    • Points de vue des contributeurs
  • Rapports
  • Lire sur la radicalisation
  • Événements
    • Événements de EER
    • Participation de EER aux évènements
  • Vidéos
  • Contact
  • En
  • عربي
  • Es

2018 EER - droits d'auteur © European Eye on Radicalization.

This website uses cookies. By continuing to use this website you are giving consent to cookies being used. Visit our Privacy and Cookie Policy.