• En
  • عربي
  • Es
Aucun résultat
Voir tous les résultats
European Eye on Radicalization
  • Accueil
  • À propos
    • Qui sommes nous
      • Comité de rédaction et personnel
      • Contributeurs
    • Le point de vue
  • Analyses
  • Articles d’opinion
    • Éditoriaux de l’EER
    • Points de vue des contributeurs
  • Rapports
  • Lire sur la radicalisation
  • Événements
    • Événements de EER
    • Participation de EER aux évènements
  • Vidéos
  • Contact
  • Accueil
  • À propos
    • Qui sommes nous
      • Comité de rédaction et personnel
      • Contributeurs
    • Le point de vue
  • Analyses
  • Articles d’opinion
    • Éditoriaux de l’EER
    • Points de vue des contributeurs
  • Rapports
  • Lire sur la radicalisation
  • Événements
    • Événements de EER
    • Participation de EER aux évènements
  • Vidéos
  • Contact
Aucun résultat
Voir tous les résultats
European Eye on Radicalization
Aucun résultat
Voir tous les résultats
Accueil Articles

L’Iran et les élections présidentielles américaines

20 avril 2020
dans Articles
Iran and the American Presidential Elections
438
VUES
Partager sur FacebookPartager sur Twitter

Cet article est une publication croisée avec la Konrad Adenauer Stiftung.

Dr Mohammad Yaghi, chercheur et directeur de programme au Regional Programme Gulf States, Konrad Adenauer Stiftung, et Dr Hesham Alghannam, chercheur au Gulf Research Center, Cambridge.

Introduction

L’apparition du coronavirus a peut-être relégué l’affrontement entre les États-Unis et l’Iran au second plan de l’actualité, mais les prochains mois avant les élections présidentielles américaines restent importants pour le plan de l’Iran visant à influencer les électeurs américains contre la réélection du président Trump. En effet, le 30 mars 2020, un groupe irakien du nom d’«Usbit al-Tha’ereen» (la ligue des révolutionnaires) a déclaré l’annulation d’une grande attaque contre les troupes américaines stationnées sur la base militaire d’Aïn al-Assad, affirmant qu’il ne voulait pas nuire ²aux Irakiens qui vivaient près de la cible [1.] L’article suivant soutient que l’Iran va essayer de faire de l’Irak son champ de bataille contre les troupes américaines afin de placer la politique de Trump contre l’Iran au centre du débat sur l’élection présidentielle américaine. L’expulsion des troupes américaines du Moyen-Orient est devenue un élément central de la stratégie de l’Iran et de celle de ses alliés ; le présent article commence par expliquer l’origine de cette politique et la stratégie qui la sous-tend. L’importance de l’Irak dans cette approche est soulignée, notamment par une illustration de la manière dont l’Iran nivelle le terrain en Irak afin de mettre en œuvre son plan. L’article conclut en soulignant l’importance pour l’Iran, et pour le succès de ses stratégies, d’avoir à la fois un front chiite uni, et un gouvernement légitime qui travaille en étroite collaboration avec lui.

Expulser les troupes américaines du Moyen-Orient

Origine du Slogan

Deux jours après l’assassinat, le 3 janvier 2020, du général de division Qasem Soleimani, le commandant des forces al-Qods du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), et d’Abu Mahdi al-Muhandis, le commandant adjoint des Forces de mobilisation populaire d’Irak (PMF, ou al-Hashd al-Shaabi) Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, a fait un discours public. Dans ce discours, il s’est interrogé «quelle serait al–qisas (réparation, justice) pour le meurtre de Soleimani ? (…) Faire tomber Trump? Pompeo?», a-t-il demandé. «Mais les chaussures de Soleimani ont plus de valeur pour nous qu’eux», a-t-il répondu. La seule réponse à la question du qisas, a-t-il ajouté, «est de mettre fin à la présence militaire américaine en Asie occidentale». Nasrallah a expliqué que «s’ils refusent de partir verticalement (volontairement et pacifiquement), l’axe de la résistance (l’Iran et ses alliés) les obligera à partir horizontalement (par la force)». Empruntant le terme «Asie occidentale» au leader suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, qui l’a utilisé pour désigner le Moyen-Orient, Nasrallah a en outre noté que «la décision de forcer les troupes américaines à quitter l’Asie occidentale a déjà été prise par l’axe de la résistance». Il a également lancé un appel aux Kurdes d’Irak pour qu’ils votent au parlement (irakien) avec les représentants chiites afin d’expulser les troupes américaines d’Irak. Il leur a rappelé une réunion que Soleimani et les dirigeants du Hezbollah avaient menée avec leurs hauts dirigeants en 2015 pour se défendre des attaques de l’État islamique, leur rappelant qu’«à cette époque, aucun pays ne se précipitait pour les défendre » [2].

Suite au discours de Nasrallah, forcer les troupes américaines à quitter le Moyen-Orient est devenu le mantra de l’Iran et de ses alliés dans la région. Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, a tweeté, le 6 janvier 2020, «La fin de la présence malveillante des États-Unis en Asie occidentale a commencé » [3]. Dans un discours télévisé, quelques heures après l’attaque par un missile iranien de la base militaire américaine d’Aïn al-Assad en Irak, le 8 janvier, Khamenei a déclaré : «Ce qui est important, c’est de mettre fin à la présence corrompue des États-Unis dans cette région.»[4] De même, le 15 janvier, Hassan Rouhani, le président iranien, a demandé aux États-Unis de retirer leurs troupes du Moyen-Orient en déclarant : «Les troupes américaines ne sont pas en sécurité dans la région aujourd’hui, et les troupes européennes pourraient être en danger demain.»[5] Les principaux commandants militaires de l’Iran, dont Hossein Salami, le commandant en chef du CGRI, Amir Ali Hajizadeh, commandant de la Force aérospatiale du CGRI, et Ismail Qaani, le nouveau commandant de la Force Al-Qods, ont tous fait des déclarations similaires.

Le discours de Nasrallah a trouvé un écho en Irak, au Yémen et, dans une moindre mesure, dans les territoires palestiniens. En Irak, les dirigeants du Kata’eb Hezbollah (« Brigades de Hezbollah ») — qui fait partie des PMF irakiennes — ont promis, dans une déclaration, que «le prix de ce crime (le meurtre de Soleimani et d’al-Muhandis, qui était également le commandant du Kata’eb Hezbollah) ne sera pas moins que de retirer leur trône (la présence américaine) d’Irak et de toute la région » [6]. Ils ont également demandé au parlement d’approuver une loi visant à expulser les troupes américaines d’Irak. [7] Le mouvement Alnujaba (« Mouvement des assidus »), une autre composante des PMF, a demandé «aux dirigeants des forces de sécurité officielles irakiennes de se tenir à distance des troupes américaines et de ne pas se laisser utiliser comme bouclier humain par les envahisseurs croisés » [8]. Le mouvement Asa’eb Ahlu al-Haq (« Ligues des ayants droit »), qui fait également partie du PMF, a déclaré : «Nous ne nous contenterons pas de faire sortir les troupes américaines d’Irak ; nous appelons au boycott commercial vis-à-vis des Américains et à la fermeture de l’ambassade américaine.»[9] Hadi al-Ameri, le président de la coalition al-Fatah, le bras politique du PMF au parlement irakien, et le chef de l’organisation Badr, a appelé à «l’unité de toutes les forces irakiennes afin de faire sortir d’Irak les troupes américaines dont la présence est devenue un fardeau pour l’Irak et dont l’existence signifie de faire couler davantage de sang irakien.»[10] Au Yémen, les Houthis ont exprimé «leur volonté de participer à une riposte contre les intérêts américains dans la région» et ont appelé à «utiliser tous les moyens possibles pour chasser les troupes américaines de la région.»[11] De leur côté, le mouvement palestinien Hamas et le Djihad islamique, qui ont envoyé leurs principaux dirigeants en Iran pour participer à la cérémonie funéraire, ont qualifié Soleimani de «martyr d’al-Qods, qui a armé et soutenu la résistance palestinienne, qui continuera son chemin en résistant aux agressions israélo-américaines». Cependant, ils sont restés loin d’appeler à un retrait des troupes américaines de la région [12].

Prendre le discours de Nasrallah au sérieux

L’appel au retrait des troupes américaines de la région ne doit pas être considéré comme un slogan vide de sens visant à calmer les membres de ce qu’on appelle «l’axe de la résistance», ni comme un appel à venger le meurtre de Soleimani et al-Muhandis. Elle doit plutôt être comprise comme une stratégie iranienne visant à influencer les résultats de l’élection présidentielle américaine de novembre 2020. Dans son discours, Nasrallah a été très clair sur cet objectif : «Lorsque les cercueils des soldats et des officiers américains commenceront à être transférés sur le sol américain… Trump et son administration sauront qu’ils ont perdu la région et qu’ils perdront les élections » [13]. Cibler les troupes américaines dans la région, et plus précisément en Irak (sujet que nous développerons plus bas) est une stratégie mise en place afin de placer la politique de Trump au Moyen-Orient au premier plan de l’agenda des élections présidentielles américaines. L’objectif étant de forcer les Américains à ressentir et à voir eux-mêmes les répercussions de la politique de Trump. Avec le clivage entre l’Europe et les États-Unis sur l’Iran après le retrait de Trump de l’Accord sur le nucléaire, les dirigeants iraniens font le pari qu’un nouveau président américain du parti démocrate adhérera à nouveau à l’accord sur le nucléaire et mettra fin aux sanctions économiques, qui entravent gravement l’économie iranienne, et menacent ainsi la stabilité du régime.

L’Irak, champ de bataille de l’Iran contre l’Amérique

Alors que l’Iran peut activer ses alliés au Liban, en Syrie, au Yémen, dans les territoires palestiniens et en Afghanistan pour travailler contre les Américains, plusieurs indicateurs suggèrent qu’il a l’intention de faire de l’Irak son principal champ de bataille contre les troupes américaines. Premièrement, en plus d’influencer les résultats des élections présidentielles américaines en faveur d’un président qui approuvera à nouveau l’Accord sur le nucléaire et mettra fin aux sanctions, l’Iran souhaite exercer son hégémonie sur les politiques irakiennes. En forçant un retrait américain précipité de l’Irak, l’Iran sera la principale puissance capable de combler le vide et d’influencer la politique intérieure et extérieure de l’Irak.

Deuxièmement, l’Irak est la principale voie d’acheminement de l’Iran vers ses alliés en Syrie et au Liban. En effet, ses alliés en Irak, les PMF, contrôlent le poste d’Al-Qaem-Bukamal, l’un des trois postes-frontière entre l’Irak et la Syrie. Le point de passage d’Al-Qaem-Bukamal a été libéré de l’État islamique en novembre 2017, mais il n’a été rouvert que deux ans plus tard[14]. Ce point de passage est d’une importance stratégique pour l’Iran, car les deux autres points de passage avec la Syrie sont fermés : Al-Waleed-al-Tanaf est contrôlé par les Américains du côté syrien, et Al-Ya’rubia-Rabe’a est situé dans une zone contrôlée par les Kurdes[15]. L’importance stratégique de ce point de passage est encore soulignée par le fait que l’Amérique a également choisi de le cibler. Des dizaines de militants du PMF ont été tués à Al-Qaem le 29 décembre 2019 à la suite d’une attaque aérienne américaine[16].

Troisièmement, l’Iran a plus d’influence en Irak que dans toute autre région du Moyen-Orient. Sur le plan militaire, l’Iran a chargé Soleimani de former les PMF en juin 2014 dans le cadre d’un effort visant à empêcher l’État islamique de prendre le contrôle d’un territoire plus vaste en Irak, et aussi à éloigner l’État islamique des frontières de l’Iran. Créées à la suite d’un édit religieux de l’ayatollah Ali Sistani, chef spirituel des musulmans chiites irakiens et l’un des plus hauts dignitaires religieux de l’islam chiite, les PMF sont aujourd’hui composées de plus de 130 000 combattants, appartenant à des dizaines de groupes chiites. Soleimani a utilisé 120 officiers opérationnels du parti libanais du Hezbollah pour former la milice des PMF[17]. Ce qui montre non seulement la forte coordination entre les soi-disant axes de résistance, mais aussi l’influence du Hezbollah en Irak. Les groupes de base de la PMF, tels que l’organisation Badr, le Kata’eb Hezbollah, Asa’eb Ahlu al-Haq et le mouvement al-Nujaba, reçoivent tous leurs ordres directement de l’Iran[18]. Le degré de loyauté envers l’Iran est bien illustré par le fait que Hadi al Ameri, chef de l’organisation Badr et président de la coalition al-Fathah, a combattu — dans la guerre de 1980-1988 entre l’Irak et l’Iran — du côté iranien, contre son propre pays. [19] Politiquement, l’Iran bénéficie du soutien de la coalition al-Fatah, qui a obtenu 47 sièges lors des élections parlementaires irakiennes de 2018 (sur un total de 328 députés). Cependant, à des moments critiques, c’est-à-dire lorsque la communauté chiite ressent une menace collective, l’Iran peut bénéficier du soutien de 170 membres, soit plus de 50 % du Parlement irakien. Sur le plan religieux, Qom, ville sainte de l’Iran et siège du clergé chiite qui dirige le pays, semble pouvoir unir les chefs religieux chiites irakiens lorsque cela est nécessaire (voir ci-dessous).

Enfin, les PMF ont leurs propres raisons de cibler les troupes américaines en Irak. D’une part, parce que les États-Unis ont eux-mêmes ciblé les PMF, le 29 décembre 2019, en tuant des dizaines de ses militants, et d’autre part parce que les Américains ont tué al-Muhandis, chef des Kata’eb Hezbollah irakien. Il convient également de rappeler que les États-Unis ont désigné Kata’eb Hezbollah comme un groupe terroriste en juillet 2009 [20], ce qui permet à l’Iran de mobiliser plus facilement les PMF contre les troupes américaines.

Pour les raisons susmentionnées, faire de l’Irak le fer de lance de la bataille de l’Iran contre les troupes américaines est l’approche la plus probable de ce que l’on appelle l’axe de la résistance, au moins jusqu’à la fin des élections présidentielles américaines de 2020. Cela ne signifie pas que l’Iran s’abstiendra d’agir seul contre les intérêts des Américains et/ou des pays du Golfe, comme il l’a fait l’année dernière, mais le fardeau de la mobilisation contre les troupes américaines sera placé sur les alliés de l’Iran en Irak.

Aplanir le terrain politique en Irak avant de frapper

Il semble que deux choses aient jusqu’à présent empêché les PMF d’agir contre les troupes américaines: les divisions au sein de la communauté chiite et l’absence d’un gouvernement constitutionnel en Irak. Entamer une confrontation militaire avec les troupes américaines en Irak avant de régler ces deux problèmes interdépendants pourrait se retourner contre l’Iran et ses alliés. Comme les sunnites et les Kurdes d’Irak ne soutiennent pas l’Iran, les PMF ne peuvent pas courir le risque d’être accusés par des segments importants de la communauté chiite de déstabiliser le pays. De plus, afin de s’assurer que les milices nécessaires pour combattre les troupes américaines bénéficient du soutien de la communauté chiite, l’Irak doit avoir un gouvernement légitime, et un autre qui cherche à expulser les troupes américaines d’Irak de manière pacifique. En d’autres termes, un tel gouvernement devrait d’abord tenter de mettre en œuvre la décision du parlement irakien du 4 janvier 2020 qui exigeait que le gouvernement mette fin à la présence militaire américaine en Irak. Avant d’expliquer comment l’Iran s’y prend pour régler ces deux problèmes, les deux sous-sections ci-dessous dressent d’abord la carte des divisions au sein de la communauté chiite d’Irak et illustrent le problème constitutionnel du gouvernement intérimaire.

La communauté chiite divisée

Les Chiites d’Irak sont divisés en cinq grands groupes qui se font concurrence:

Premièrement, la coalition Al-Fatah, qui dispose de 47 sièges au parlement. Elle est dirigée par Hadi al-Ameri, et constitue le bras politique des PMF. Elle est pleinement soutenue et appuyée par l’Iran.

Deuxièmement, la coalition Sa’eroun, qui compte 54 sièges au parlement et a été formée par le célèbre clerc chiite Muqtada al-Sadr[21]. Cette coalition, qui comprend deux membres du Parti communiste irakien, a soutenu les protestations antigouvernementales et a cherché par le passé à garder ses distances avec l’Iran.

En effet, al-Sadr a ouvert des canaux avec l’Arabie Saoudite, les EAU et l’Égypte pour tenter de contrer l’influence de l’Iran en Irak [22]. al-Sadr est cependant un nationaliste chiite, et il est antiaméricain. Sa milice, Jayesh al-Mahdi (« Armée du Mahdi »), a combattu les Américains en Irak entre 2003 et 2008. Bien qu’il ait dissous sa milice en 2011, il a pu, trois ans plus tard, la rappeler en quelques jours et en pleine possession de ses armes pour combattre l’État islamique, sous le nom de Saraya al-Salam (« Brigades de paix ») [23]. Après l’assassinat de Soleimani et al-Muhandis, al-Sadr a clairement indiqué qu’il souhaitait que «les troupes d’occupation américaines quittent l’Irak». Il a fait remarquer qu’il préférerait que cela se fasse de manière pacifique, «pour épargner aux Irakiens la douleur d’une nouvelle guerre», mais par la force si nécessaire. [24] Le 24 janvier 2020, il a prononcé un discours à l’occasion de la manifestation irakienne contre le maintien de la présence américaine, et a déclaré: «Nous allons épuiser tous les moyens pacifiques possibles… pour faire sortir les forces d’occupation d’Irak». Cela inclut «la fermeture de toutes les bases militaires américaines, la fin des contrats avec les compagnies de sécurité américaines, la fermeture de l’espace aérien devant les forces américaines… et l’abolition de tous les accords de sécurité avec l’occupant». Il a ajouté que «si ces conditions sont mises en œuvre, nous ne traiterons pas avec l’occupant». Enfin, il a annoncé une «trêve temporaire» afin de donner au gouvernement irakien le temps d’appliquer la décision parlementaire concernant les troupes américaines dans le pays[25].

Troisièmement, la coalition de Dawlat al-Qanoon (« Etat de droit »), dirigée par l’ancien premier ministre, Nour al-Maliki. Elle dispose de 25 sièges au Parlement et soutient pleinement l’Iran.

Quatrièmement, la coalition al-Nasr (« La victoire »), qui dispose de 42 sièges au parlement et est également dirigée par un ancien premier ministre, Haïdar al-Abadi. Bien que la coalition al-Nasr soit, dans une certaine mesure, soutenue par la coalition internationale dirigée par les États-Unis contre l’État islamique[26], et qu’elle compte peu de législateurs sunnites, les législateurs chiites au sein d’al-Nasr ont voté au parlement pour la fin de la présence américaine en Irak.

Cinquièmement, le courant al-Hikma (« La sagesse »), qui dispose de 20 sièges au parlement et est dirigé par le greffier chiite Ammar al-Hakim[27]. Le mouvement al-Hikma a condamné le meurtre de Soleimani et a voté au parlement pour mettre fin à la présence militaire américaine en Irak. Cependant, il ne semble pas être d’accord avec l’appel à l’utilisation des armes pour expulser les États-Unis d’Irak.

Un gouvernement inconstitutionnel

Adel Abdul-Mahdi, le Premier ministre irakien, a démissionné le 30 novembre 2019 lorsque Sistani, l’arbitre religieux chiite, a demandé au parlement un vote de défiance[28]. L’article 81 de la constitution irakienne stipule que le chef du pays doit nommer un substitut du Premier ministre démissionnaire dans les 15 jours suivant la démission[29]. Cependant, plus de quatre mois après sa démission, Abdul-Mahdi est toujours à la tête d’un gouvernement intérimaire, ce qui rend son gouvernement inconstitutionnel. En fait, l’article 80 (6) de la constitution irakienne stipule qu’il est de la responsabilité du conseil des ministres, ou de ceux que le conseil délègue, de négocier les pactes et traités internationaux[30]. Cela signifie en fin de compte que le gouvernement d’Abdul-Mahdi, parce qu’il est inconstitutionnel, ne peut ni appliquer la décision du parlement concernant le retrait des troupes américaines en Irak, ni négocier leur retrait au nom des Irakiens.

La stratégie des deux piliers de l’Iran

Comme mentionné brièvement ci-dessus, deux grandes composantes de la communauté chiite ne soutiennent pas la politique de l’Iran en Irak: les coalitions Al-Nasr et Sa’eroun. Cependant, après l’assassinat de Soleimani, al-Sadr (de Sa’eroun) a changé de position et est devenu favorable à une coordination avec l’Iran. Ceci afin d’éviter d’activer les PMF contre les troupes américaines avant d’épuiser les moyens diplomatiques disponibles pour mettre fin à la présence militaire américaine en Irak. En fait, les conditions qu’il a énoncées dans son discours du 24 janvier 2020 ont été déclarées immédiatement après l’assassinat de Soleimani. Un proche allié d’al-Sadr, Mohammad al-Iraqi, a déclaré le 6 janvier 2020 que «al-Sadr ne veut pas que les actions militaires contre les troupes américaines commencent avant d’avoir épuisé tous les moyens politiques et diplomatiques». Al-Iraqi a en outre expliqué que «tous les mouvements de résistance irakiens devraient se réunir d’abord et s’accorder sur cette approche » [31].

À cette fin, Al-Sadr a rencontré les principaux groupes qui composent les PMF à Qom, le 14 janvier 2020, pour unifier le front chiite et convenir d’une stratégie d’expulsion des troupes américaines hors d’Irak[32]. Al-Sadr a également rencontré Hadi al-Amri à Qom pour unifier et donner la priorité aux visions du Fatah et de Sa’eroun au parlement[33]. La décision d’organiser une manifestation, à laquelle ont participé des centaines de milliers d’Irakiens, le 24 janvier, contre la présence des troupes américaines en Irak est intervenue à la suite de cette réunion. [34] La réunion a également été suivie d’un accord pour nommer Mohammed Allawi, en tant que nouveau premier ministre irakien. [35] Al-Sadr a également demandé à ses partisans de se retirer des manifestations populaires en Irak contre la corruption, en faisant valoir que maudire les voisins de l’Irak (notamment l’Iran) lors des manifestations n’était pas dans l’intérêt des Irakiens, et que quiconque soutenait les Américains était un traître [36].

On ignore ce qui s’est passé entre al-Sadr et les clercs iraniens à Qom. Cependant, il est raisonnable de penser qu’afin d’atteindre son objectif — chasser les forces américaines d’Irak — l’Iran ne verrait pas d’inconvénient à suivre la stratégie d’al-Sadr. Cela garantirait l’unité de la communauté chiite, ou du moins de sa majorité, et préserverait également la participation de la milice d’Al-Sadr à la campagne contre les troupes américaines.

Après avoir réglé le premier problème (les divisions chiites), il reste maintenant à l’Iran de s’assurer l’installation d’un gouvernement légitime qui soutiendra sa stratégie. Si l’Iran obtient un gouvernement loyal en Irak, sa stratégie commencera par demander au gouvernement de faire pression pour un départ pacifique des troupes américaines d’Irak, avant de demander à ses alliés d’imposer le retrait.

Mohammed Allawi, le dernier Premier ministre désigné d’Irak, a été, selon des sources d’information non confirmées, choisi par Mohammad al-Kawtharani, le représentant du Hezbollah libanais en Irak. Selon les informations, Al-Sadr était favorable à la nomination de Mustafa al-Kathimi, ancien chef du renseignement militaire irakien, mais al-Kawtharani l’a convaincu de soutenir Allawi. [37] Reuters a rapporté que l’Iran comptait sur le Hezbollah libanais pour unir les groupes militants irakiens. Né et élevé à al-Najaf, al-Kawtharani a travaillé en étroite collaboration avec Soleimani et bénéficie du soutien de Nasrallah. L’Iran le considère comme apte à cette tâche. [38] Cependant, les efforts d’al-Kawtharani pour installer Allawi comme nouveau premier ministre irakien ont été entravés par les blocages des sunnites et des Kurdes au Parlement, laissant le pays sans Premier ministre élu depuis fin novembre 2019 [39]. Allawi a maintenant cédé aux pressions et s’est retiré de la course.

L’une des possibilités, bien sûr, est que l’Iran ne parvienne pas à mettre en place un gouvernement légitime et viable en Irak. Dans ce scénario, qui semble très plausible, l’Iran va très probablement risquer son alliance avec al-Sadr et activer les PMF contre les troupes américaines, simplement parce que la période disponible pour influencer les électeurs américains contre la réélection de Trump est très courte. Comme nous l’avons noté le mois dernier, les attaques militaires contre les troupes américaines en Irak ont augmenté, l’attaque la plus meurtrière étant celle contre la base militaire de Taji qui a coûté la vie à deux Américains et à un soldat britannique. L’armée américaine a accusé le Kata’eb Hezbollah d’avoir organisé les attaques et a riposté en effectuant des frappes aériennes contre cinq des dépôts d’armes de ce dernier. [40] Il est toutefois important de noter que le Kata’eb Hezbollah n’a approuvé aucune des attaques contre les troupes américaines en Irak afin de s’en tenir à la double stratégie iranienne en Irak, qui consiste à unifier le front chiite et à installer un gouvernement légitime. Au lieu de cela, un groupe inconnu se faisant appeler «Usbit al-Tha’ereen» (la Ligue révolutionnaire) a revendiqué l’attaque[41]. Le même groupe a répondu aux attaques américaines contre les dépôts d’armes du Kata’eb Hezbollah en tirant 33 roquettes sur la base militaire américaine, al-Rasheed, blessant à la fois des soldats américains et irakiens[42]. Il est cependant largement admis qu’Usbit al-Tha’ereen n’est qu’un nom sous lequel opèrent les mandataires de l’Iran en Irak.

Conclusions

Stephen Collinson, un analyste de CNN, estime qu’il est trop tôt pour affirmer que l’Iran aurait pu donner au président Trump une victoire en politique étrangère puisque la vengeance iranienne pour le meurtre de Soleimani n’a en fait pas représenté une perte significative pour les États-Unis. Collinson a en outre noté que malgré le fait que «la région n’a pas explosé en guerre» après l’assassinat de Soleimani, «la Maison Blanche qui est toujours prête à déclarer la mission accomplie ferait mieux de garder sa poudre au sec» parce que l’Iran et ses alliés préparent des attaques[43]. Cela n’est en effet pas un secret. L’Iran ne peut pas se permettre d’avoir Trump au pouvoir pendant quatre ans encore, et il fera de son mieux pour amener les électeurs américains à voter contre lui. Pour ce faire, il organisera des attaques contre les forces américaines en Irak et placera la décision de Trump de tuer Soleimani au centre du débat électoral. Comme l’indique cette analyse, l’Iran et ses alliés régionaux sont en train de niveler le terrain pour ces attaques. D’une part, ils unissent le front chiite en Irak contre les Américains, et d’autre part, ils s’assurent que le nouveau gouvernement irakien sera de leur côté. La première tâche a été accomplie en mettant al-Sadr de leur côté, mais ils sont toujours aux prises avec la seconde. Néanmoins, même s’ils ne parviennent pas à mettre en place un gouvernement favorable à l’Iran, ils ne vont pas reporter leurs attaques contre les troupes américaines.

RÉFÉRENCES

[1] “Usbit al-Tha’ereen declares the cancellation of an attack against the American troops at Ain al-Assad this morning”, Iraq Electronic News, 30 mars 2020. Extrait de: https://bit.ly/3aDd2fS

[2] Laila Bassam, Nadine Awadalla, “Hezbollah: U.S. forces in Middle East to go home in coffins”, Reuters, 5 janvier 2020. Extrait de: https://www.reuters.com/article/us-iraq-security-lebanon-hezbollah-nasra/hezbollah-us-forces-in-middle- east-to-go-home-in-coffins-idUSKBN1Z40IO

[3] Javad Zarif, Twitter, 6 janvier 2020. Extrait de: https://twitter.com/JZarif/status/1214267053043060738

[4] “A Sea of Mourners in Iran, and New Threats From Both Sides”, New York Times, 6 janvier 2020. Extrait de: https://www.nytimes.com/2020/01/06/world/middleeast/iran-soleimani.html

[5] Natasha Turak, “‘Danger tomorrow’: Iran’s Rouhani makes veiled threat to US and EU troops in Middle East”, CNBC, 15 janvier 2020. Extrait de: https://www.cnbc.com/2020/01/15/irans-rouhani-makes-veiled-threat-to-us-and-eu- troops-in-middle-east.html

[6] “Kata’eb Hezbollah to American, Zionists and evil kingdoms: you will pay heavily for your crime”, Kata’eb Hezbollah website, 3 janvier 2020. Extrait de: https://www.kataibhezbollah.com/statment/3052

[7] “Kata’eb Hezbollah calls the parliament to ratify a law to remove the American bases from Iraq after its crime”, AlManar TV, 5 janvier 2020. Extrait de: https://almanar.com.lb/6144448

[8] “The Islamic resistance in Iraq calls the security forces to stay away from the American troops”, AlNujaba movement website, 5 janvier 2020. Extrait de: http://bit.ly/2RwG8qs

[9] Asa’eb Ahlu al-Haq, “Ahlu al-Haq: we will not be satisfied by evicting the American troops”, Ahlu al-Haq website, 7 janvier 2020. Extrait de: https://ahlualhaq.com/post/10909

[10] “Amri calls national forces to unite to evict the Americans from Iraq”, Al-Hashad AlSha’bi website, 3 janvier 2020. Extrait de: http://bit.ly/2O3l5cy

[11] “Houthis gathered in Sanaa to support a retaliation against American military bases”, MCD, 6 janvier 2020. Extrait de: http://bit.ly/2GrPNYP

[12] “Ismael Hanieh: Soleimani is the martyr of AlQuds”, AlJazeera Mubashir, 6 janvier 2020. Extrait de: http://bit.ly/2GvsJIN

[13] “Hezbollah’s secretary general speech on January 5, 2020”, Almanar website, 6 janvier 2020. Extrait de: https://almanar.com.lb/6152819

[14] Majd Hamzah, “Al-Qaem-Bukamal crossing, the gate of resistance opens today”, U News Agency, 29 septembre 2019. Extrait de: http://bit.ly/2U7VIKR

[15] “Reopening Bukamal crossing between Syria and Iraq”, Liwa News website, 1er novembre 2019. Extrait de: http://bit.ly/2RuTSSk

[16] “Activists passing around photos of the American strike on Kat’eb Hezbollah sites”, AlHura Website, 29 décembre 2019. Extrait de: https://arbne.ws/2RVno2D

[17] “Nasrallah: Soleimani opened for us new horizons and today we have a real missile’s force”, Almanar, 13 janvier 2020. Extrait de: http://almanar.com.lb/6287030

[18] “AlHashd AlSha’bi in Iraq is a real political and armed force”, AlJazeera, 31 décembre 2019. Extrait de: http://bit.ly/2t89yl7

[19] Suzzanah George, “Breaking Badr organization”, Foreign Policy, 6 novembre 2014. Extrait de: https://foreignpolicy.com/2014/11/06/breaking-badr/

[20] “State Department Terrorist Designation of Ahmad al-Hamidawi”, US Department of State, 26 février 2020. Extrait de: https://www.state.gov/state-department-terrorist-designation-of-ahmad-al-hamidawi/

[21] Mustafa al-Duleimi, “Map of seats’ distribution in Iraq new parliament”, Arabi 21, 19 mai 2018. Extrait de: http://bit.ly/2RAzAHg

[22] “After Saudi Arabia and UAE, al-Sadr visits Egypt”, AlJazeera, août 2017. Extrait de: http://bit.ly/2U7vVCv

[23] “Mahdi Army”, Center for International Security Cooperation (CISAC), n.d. Extrait de: https://cisac.fsi.stanford.edu/mappingmilitants/profiles/mahdi-army#highlight_text_16994

[24] “Al-Sadr complete speech on January 24, 2020”, al-Sadr website, 24 janvier 2020. Extrait de: http://jawabna.com/index.php/permalink/11069.html

[25] Ibid

[26] “Al-Sadr first in Iraq elections and al-Abadi the third”, Arabi 21, 19, mai 2018. Extrait de: http://bit.ly/38gYRv7 27 Iyad Anbar, “Shia leaders in Iraq: the struggle for authority and influence” Alhura, 30 juin 2018. Extrait de: https://arbne.ws/2VFXxzd

[28] “Abdulmahdi officially resigned”, Alhura, 30 novembre 2019. Extrait de: https://arbne.ws/39dvNpK

[29] “Irak Constitution”, Irak parliament website, n.d. Extrait de: http://bit.ly/2PEI4fc

[30] Ibid

[31] “Saleh Mohammad al-Iraqi explains a tweet of al-Sadr”, al-Alam channel, 6 janvier 2020. Extrait de: http://bit.ly/2t4BMx4

[32] “The presence of the American troops in Iraq is conversed with the resistance groups’ leaders with al-Sadr”, AlMayadeen, 13 janvier 2020. Extrait de: http://bit.ly/314lXDf

[33] Ibid

[34] Mohammed Tawfeeq, “Hundreds of thousands protest US troop presence in Iraq”, CNN, 24 janvier 2020. Extrait de: https://edition.cnn.com/2020/01/24/middleeast/iraq-protests-us-troops-intl/index.html

[35] “Al-Sadr disband the blue hat group that is accused of killing demonstrators”, D.W., 11 février 2020. Extrait de: http://bit.ly/2wz9qwh

[36] “Leaders in al-Sadr group explain the reasons of their withdrawal from the protests”, CNN Arabic 25 janvier 2020. Extrait de: https://arabic.cnn.com/middle-east/article/2020/01/25/iraq-sadr-demonstrations-withdraw

[37] “Iran and Nour al-Malki against Allawi”, Rawabet Center for Research and Strategic Studies, 31 janvier 2020. Extrait de: https://rawabetcenter.com/archives/103848

[38] “Tehran-backed Hezbollah steps in to guide Iraqi militias in Soleimani’s wake” Reuters, 11 février 2020. Extrait de: https://www.reuters.com/article/us-iran-iraq-hezbollah-insight/tehran-backed-hezbollah-steps-in-to-guide-iraqi-militias- in-soleimanis-wake-idUSKBN20520Y

[39] “Allawi apologizes of forming the government”, Aljazeera, 1er mars2020. Extrait de: https://bit.ly/3dK5JoP

[40] Mark Mazzetti et al, “As Iran Reels, Trump Aides Clash Over Escalating Military Showdown”, NY Times, march 2020. Extrait de: https://www.nytimes.com/2020/03/21/world/middleeast/trump-iran-iraq-coronavirus-militas.html

[41] Usbit al-Tha’ereen, a new group adopts al-Taji attacks, Alakhbar,16 mars 2020. Extrait de: https://al- akhbar.com/Iraq/285700

[42] “Anew group called Usbit al-Tha’ereen claims responsibility for the attacks on the American al-Taji military base”, Nahrain News, 18 mars 2020. Extrait de: https://nahrainnet.net/?p=55709

[43] Stephen Collinson, “Did Iran give Trump a foreign policy victory, after all?”, 28 février 2020. Extrait de: https://edition.cnn.com/2020/02/28/world/meanwhile-in-america-february-28-intl/index.html

 

Connexes Posts

Germany’s Well-Timed Crackdown on the Muslim Brotherhood
Articles d'opinion

La répression opportune de l’Allemagne contre les Frères musulmans

27 septembre 2022
Follow the Money (If You Can): Ennahda Accused of Corruption and Money Laundering
Articles d'opinion

Suivez l’argent (si vous en êtes capables) : Ennahdha accusé de corruption et de blanchiment d’argent

11 février 2022
Debunking Dominant Fallacies About Recent Developments in Tunisia
Articles d'opinion

Démystifier le faux raisonnement dominant sur les récents développements en Tunisie

20 août 2021
The Iraqi Paradox
Articles d'opinion

Le paradoxe irakien

19 août 2021
Tunisia After July 25
Articles d'opinion

La Tunisie de l’après 25 juillet

17 août 2021
Jihadi Competition in Post-NATO Afghanistan: the Taliban and the Islamic State
Articles d'opinion

La concurrence jihadiste dans l’Afghanistan post-OTAN : les talibans et l’État islamique

16 août 2021

Dernières nouvelles de Twitter

Populaire

The Challenges of Combatting Extremist Financing in Germany

The Challenges of Combatting Extremist Financing in Germany

6 janvier 2023
The Myth of the Remote-Controlled Car Bomb

Le Mythe des voitures piégées contrôlées à distance

16 septembre 2019
How a Swedish Agency Stopped Funding the Muslim Brotherhood

How a Swedish Agency Stopped Funding the Muslim Brotherhood

5 septembre 2022

Taliban: Structure, Strategy, Agenda, and the International Terrorism Threat

7 octobre 2022
The Role of Online Communities in the Expansion of Far-Right Extremism

The Role of Online Communities in the Expansion of Far-Right Extremism

3 novembre 2022
Becoming Ansar Allah: How the Islamic Revolution Conquered Yemen

Devenir Ansar Allah: comment la révolution islamique a conquis le Yémen

24 mars 2021

2018 EER - droits d'auteur © European Eye on Radicalization.

Aucun résultat
Voir tous les résultats
  • Accueil
  • À propos
    • Qui sommes nous
      • Comité de rédaction et personnel
      • Contributeurs
    • Le point de vue
  • Analyses
  • Articles d’opinion
    • Éditoriaux de l’EER
    • Points de vue des contributeurs
  • Rapports
  • Lire sur la radicalisation
  • Événements
    • Événements de EER
    • Participation de EER aux évènements
  • Vidéos
  • Contact
  • En
  • عربي
  • Es

2018 EER - droits d'auteur © European Eye on Radicalization.

This website uses cookies. By continuing to use this website you are giving consent to cookies being used. Visit our Privacy and Cookie Policy.