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L’invasion de la Syrie par la Turquie: Une bénédiction déguisée pour l’État islamique

22 octobre 2019
dans Articles
Turkey’s Invasion of Syria: A Blessing for ISIS
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Sami Moubayed

En juillet dernier, un camp oublié dans le nord-est de la Syrie a fait la une des journaux lorsque des résidents ont hissé le drapeau noir de l’État islamique. Dans une vidéo, qui est devenue virale, on pouvait entendre les gens scander: «baqiya» ou «restant», en référence au slogan tristement célèbre du groupe terroriste: «Baqiya wa Tatamaddad» (reste et expansion.[i]» Dans une autre vidéo, un résident du camp a appelé le chef du groupe, Abu Bakr al-Baghdadi, à les «libérer» des Kurdes. [ii]

Ce camp, connu sous le nom d’al-Hol, est situé près de la frontière entre la Syrie et l’Irak, et est maintenant de retour sur le devant de la scène mondiale, alors que les gardes kurdes abandonnent ses portes pour prendre les armes contre l’armée turque, qui a envahi le nord-est de la Syrie le 9 octobre. L’invasion visait à l’origine à démanteler les positions kurdes dans les deux villes frontalières de Ras al-Ayn et Kobani, et Tel Rifaat, au nord d’Alep, où Ankara affirme que les séparatistes turcs avaient fui après l’occupation de la ville d’Afrin à la mi-2018. Elle était directement liée à l’annonce faite le 6 octobre par le président américain Donald Trump qu’il retirerait 1 000 soldats américains de Syrie pour mettre un terme à ce qu’il a qualifié de «guerre sans fin». Les troupes américaines étaient stationnées dans des zones tenues par les Kurdes et leur retrait soudain a laissé les Kurdes exposés, faibles et seuls, les forçant à demander de l’aide aux Russes et aux Syriens.

Ni les Américains ni les Turcs ne semblaient se soucier de ce qui arriverait aux 12 000 combattants de l’État islamique dans les prisons kurdes. Environ 9 000 d’entre eux sont un mélange d’Irakiens et de Syriens pour la plupart, tandis que 3 000 environ sont des combattants étrangers venus d’Europe et du monde arabe en Syrie.[iii] Pendant les premières heures de l’opération turque, les Kurdes ont annoncé que la protection de ces prisons n’était plus une priorité, espérant que cela obligerait Trump à reconsidérer sa décision.[iv] Mustafa Bali, porte-parole des Forces démocratiques syriennes, a prévenu: «L’invasion turque de notre région va laisser un vide énorme parce que nous sommes obligés de retirer certaines de nos troupes des prisons et des camps pour combattre à la frontière et protéger notre peuple.» En réponse à son avertissement, Trump a twitté: «Les Kurdes libèrent peut-être quelques (prisonniers de l’État islamique) pour nous impliquer.[v]»

 Lorsque cela ne l’a pas fait changer d’avis, les Kurdes sont allés jusqu’à menacer d’ouvrir les portes d’al-Hol, qui abrite des combattants étrangers et leurs familles, soit précédemment affiliés au groupe terroriste, soit sympathisants de son idéologie.[vi] Au moins neuf Françaises affiliées à l’État islamique ont fui le camp après que les gardes kurdes ont abandonné leurs positions pour prendre les armes contre l’armée turque.[vii] Les Kurdes affirment que 800 autres se sont également échappées, mais ce nombre n’a pas été vérifié par une source non kurde fiable.[viii] Pendant ce temps, 10 000 sympathisants de l’État islamique sont détenus dans une section spéciale d’al-Hol, à qui il est interdit de se mêler aux autres habitants du camp. Ils se sont enfuis à al-Hol après la défaite de l’État islamique dans leur dernier bastion de Baghouz en mars 2019.

«Le risque à long terme est tout simplement trop élevé», a déclaré l’éminent journaliste Chase Winter du Deutsche Welle, qui étudie les Kurdes depuis des années. «Cela nuirait à leur image soigneusement conçue en Occident,»a-t-il confié à l’EER. «Certains semblent s’être échappés, a-t-il ajouté, mais c’est le reflet de la situation générale en matière de sécurité et l’occasion perçue par les détenus de profiter d’un environnement chaotique.»

Selon un accord négocié entre le gouvernement syrien et les Kurdes le 13 octobre, toutes les prisons de l’État islamique dans le nord-est resteront aux mains des FDS, du moins pour le moment. «Les FDS n’ont pas la capacité de garder un si grand nombre de prisonniers», a déclaré Danny Makki, un analyste syrien basé à Londres. S’adressant à l’EER, il a ajouté: «L’État syrien finira par soutenir qu’il est mieux équipé pour assumer le fardeau, et pourrait envisager d’utiliser certains des combattants occidentaux de l’État islamique et leurs familles comme levier sur l’Occident». Toutefois, pour l’instant, le sort des prisonniers de l’État islamique n’a pas encore été discuté par les deux parties.

Problèmes techniques

Pour que les Kurdes puissent continuer à garder les prisons où sont retenus les combattants et partisans de l’État islamique, il faudrait qu’ils conservent leurs grandes quantités d’armes fournies par les États-Unis, ce qui a été catégoriquement rejeté par Damas. En plus d’appeler les Kurdes à remettre tous les territoires sous leur contrôle à l’armée syrienne, l’accord syro-kurde exige que les unités de protection du peuple (YPG) et les forces démocratiques syriennes (FDS) soient immédiatement dissoutes. Ce serait un énorme revers pour les Kurdes, car ces deux groupes militaires étaient des alliés loyaux dans la guerre contre le terrorisme, sous la conduite des États-Unis. Les combattants kurdes ont payé le prix ultime, enregistrant environ 11 000 morts dans les combats menés par les États-Unis contre l’État islamique, au cours des cinq dernières années.[ix] Les unités de protection du peuple avaient joué un rôle décisif dans la libération d’Ayn Issa dans le gouvernorat d’al-Raqqa en 2015, tandis que les FDS avaient pris le contrôle de la capitale autoproclamé de l’État islamique en octobre 2017. Toutefois, selon la loi syrienne, les deux milices sont toutes deux illégales, car aucun parti ni aucune organisation ne peut être établi sur une base ethnique.

On ne sait pas très bien ce qu’il adviendra désormais de leurs troupes et de leurs armes. Une suggestion est de les intégrer dans l’armée syrienne ou dans la police locale. En ce qui concerne les armes, les Kurdes ont précédemment insisté pour garder leurs armes légères et ne remettre leurs armes lourdes qu’aux Russes. Il a maintenant été décidé qu’ils les rendront toutes — lourdes et légères — à l’armée syrienne. En échange, le gouvernement syrien promet de les protéger contre toute offensive turque future.

De nombreuses perspectives

Les autorités syriennes se sont éloignées de la zone nord-est depuis 2014. Il leur faudra du temps pour se déployer pleinement dans toute la région, et encore plus de temps pour s’y repérer. Elles ne disposent d’aucune information sur les personnes incarcérées dans les prisons kurdes, et combien d’entre elles sont membres ou sympathisants de l’État islamique. Si les Kurdes ne coopèrent pas, ou s’ils libèrent les prisonniers de l’État islamique pour forcer les États-Unis à reconsidérer leur retrait, la situation peut devenir très dangereuse. Les prisonniers détenus dans les prisons kurdes sont des terroristes extrémistes fidèles à l’idéologie de l’État islamique. Ce sont eux qui sont restés avec le groupe terroriste jusqu’à leur toute dernière bataille à Baghouz. Ils se sont accrochés au «califat» longtemps après l’effondrement de sa «capitale», l’érosion de son territoire et l’arrêt des entrées d’argent provenant des puits de pétrole. Cela signifie qu’ils sont farouchement attachés à l’idéologie de l’État islamique et qu’il leur reste assez d’esprit de combat pour faire un retour en force.

Tous ceux qui ont combattu le groupe, à commencer par l’armée syrienne, puis les Américains en 2014 et les Russes en 2015, n’ont rien fait pour combattre son idéologie. Tout ce qu’ils ont fait, c’est bombarder ses forteresses du ciel, tuant autant de combattants que possible. Cependant L’État islamique est avant tout une idéologie qui se propage rapidement, attirant des millions de personnes aux quatre coins du monde. Jusqu’à présent, aucune des principales parties prenantes n’a présenté de plan concret sur la manière de combattre l’idéologie de l’État islamique — croyant à tort, un peu comme Trump, que le groupe a été vaincu. En tant qu’organisation, l’État islamique pourrait bien être vaincu, mais ses racines idéologiques qui datent d’avant le groupe lui-même sont toujours vivantes. Partout dans le monde, les adeptes rêvent encore d’établir un État régi par la charia islamique et gouverné par un «calife», comme à l’époque des débuts de l’Islam.

Un nouveau calife ?

Deux mois avant le début de l’invasion turque de la Syrie, l’agence de presse de l’État islamique, Amaq, a déclaré qu’Abu Bakr al-Baghdadi préparait un autre djihadiste irakien nommé Abdullah Qardash (alias Abu Omar) pour lui succéder comme commandant de l’État islamique[x]. Nombreux sont ceux qui ont fait abstraction de cette histoire, exactement parce qu’ils croyaient que l’État islamique avait été éliminé. Pourtant, ce qui se passe dans le nord-est de la Syrie pourrait être une bénédiction pour le nouveau commandant de l’État islamique, étant donné que la majorité des prisonniers de l’État islamique sont irakiens, dont bon nombre sont originaires de Tal Aafar, à l’ouest de Mossoul. Nombreux d’entre eux sont en fait à la recherche de nouveaux dirigeants, désenchantés par al-Baghdadi, qui les a conduits d’un échec à l’autre, malgré ses premiers succès dans la création de l’État islamique.

Comme al-Baghdadi, Qardash connaît bien la charia islamique et est très bien lié à l’ancienne classe d’officiers de Saddam Hussein, qui a formé l’épine dorsale d’al-Qaïda en Irak après l’invasion américaine en 2003. Cette invasion a alimenté une vague d’extrémisme, tout comme le retour des troupes gouvernementales dans le nord-est de la Syrie ou une occupation turque le pourrait. Plus important encore, alors qu’al-Baghdadi, Qardash retrace sa lignée à la famille du prophète Mohammad, ce qui le rend éligible pour assumer le titre de «calife» au cas où al-Baghdadi était tué, neutralisé ou renversé.

Dans l’islam sunnite, le poste de «calife» est réservé exclusivement à la tribu coraich, à laquelle appartient le prophète, tandis que pour les chiites musulmans, il ne concerne que les descendants directs de Mohammad. C’est pourquoi, dans les communiqués de l’État islamique, al-Baghdadi a toujours signé comme «Abou Bakr al-Baghdadi al-Qurashi al-Hassani» revendiquant la lignée de Qouraïch et du petit-fils du prophète. Ces deux traits, cependant, correspondent à l’arbre généalogique d’Abdullah Qardash et seront utiles lorsqu’il s’adressera aux presque 12 000 membres restants de l’État islamique, que ce soit dans les prisons ou dans les déserts de l’Irak et de la Syrie. Qardash et al-Baghdadi se sont rencontrés pour la première fois au Camp Bucca, une prison sous contrôle américain près de la frontière iraquo-koweïtienne. On ne sait pas ce qui pourrait sortir du camp al-Hol en Syrie, si ses portes s’ouvrent.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne représentent pas nécessairement la position dans European Eye on Radicalization. 

[1] Hall, Richard. “ISIS flag raised at Syria camp holding jihadi families” The Independent (16 juillet, 2019). https://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/isis-syria-flag-children-families-terror-islamic-state-camp-a9006566.html

[2] Hall, Richard. “ISIS flag raised at Syria camp holding jihadi families” The Independent (16 juillet,  2019). https://www.independent.co.uk/news/world/middle-east/isis-syria-flag-children-families-terror-islamic-state-camp-a9006566.html

[3] Savage, Charlie. “The Kurds’ Prisons and Detention Camps for ISIS members, explained” New York Times (13 octobre, 2019): https://www.nytimes.com/2019/10/13/us/politics/isis-prisoners-kurds.html

[4] “Kurdish forces in Syria will no longer prioritize guarding ISIS prisons” The Guardian (12 octobre, 2019): https://www.theguardian.com/world/2019/oct/12/kurdish-forces-syria-isis-prisons-turkish-offensive

[5] Bowne, Ryan – Lybrand, Holms – Subramaniam, Tara. “Fact checking Trump’s claim that Kurds are releasing ISIS prisoners on purpose.” CNN (14 octobre, 2019): https://edition.cnn.com/2019/10/14/politics/donald-trump-turkey-kurds-isis-prisoners-fact-check/index.html

[6] “Syria’s Al Hol camp could fall to ISIS, says Kurdish general” The National (5 octobre, 2019): https://www.thenational.ae/world/mena/syria-s-al-hol-camp-could-fall-to-isis-says-kurdish-general-1.919419

[7] Hall, Richard. “Nine suspected Isis members escape from camp in Syria amid Turkish offensive, France says,” The Independent (17 octobre, 2019).

[8] Hall, Richard. “Nine suspected ISIS members escape from camp in Syria amid Turkish offensive, France says: “The Independent (17 octobre, 2019).

[9] Ioanes, Ellen. “11,000 Kurds died fighting ISIS and now, the US is abandoning them—who will help America next time?” Business Insider (8 octobre, 2019): https://www.businessinsider.com/military-leaders-warn-trump-abandoning-ally-grave-mistake-2019-10

[10] Siegel, Jordan. “Ailing Abu Bakr al-Baghdadi puts ‘Professor’ Abdullah Qardash in charge of ISIS,” The Times (22 août, 2019): https://www.thetimes.co.uk/article/ailing-abu-bakr-al-baghdadi-puts-professor-abdullah-qardash-in-charge-of-isis-hz2x5hkff

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