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Les Liaisons dangereuses: articulation entre ultra droite et terrorisme islamiste, une perspective française

31 juillet 2019
dans Articles
Dangerous Liaisons: The Alt Right–Jihadists Nexus, a French Perspective
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Nicolas Hénin, auteur et consultant

A première vue, tout oppose l’extrême droite et la mouvance djihadiste. Ils se détestent et ne manquent pas d’occasion de s’exprimer leur haine. Ils semblent chacun aux deux extrémités d’un spectre. Cette animosité se traduit par des discours agressifs de part et d’autre.

Plusieurs projets d’ultra droite démantelés ces dernières années, dont celui d’Action des forces opérationnelles démantelé en juin 2018, visaient des cibles qualifiées d’ « islamistes » ou supposées proches de la mouvance djihadiste.

De son côté, l’EI avait recommandé dans son magazine Dar al Islam paru le 6 février 2016 d’attaquer les partisans du parti d’extrême droite Front national. En avril 2017, deux partisans de l’EI étaient arrêtés à Marseille alors qu’ils envisageaient de frapper, entre autres cibles, un meeting de la présidente de ce parti, Marine Le Pen. Déjà, dans les ordinateurs de la cellule ayant mené les attentats du 13 novembre 2015 puis du 22 mars 2016 à Paris et Bruxelles, on trouvait, dans une longue liste de cibles potentielles, l’organisation catholique intégriste Civitas.

Pourtant, ces deux idéologies entretiennent un rapport plus complexe qu’une simple réciproque. En témoigne par exemple  l’utilisation d’éléments de propagandes produits par l’autre camp.

La mouvance djihadiste a besoin de développer la victimisation des communautés musulmanes en Occident pour recruter. Quoi de mieux que les propos et attitudes racistes et islamophobes développées par l’extrême droite pour renforcer des narratifs tels que « un musulman ne parviendra jamais à se faire accepter ni à réussir dans une société occidentale » ? Ce type de narratif alimente une réaction parmi les musulmans, qui se sentent discriminés et stigmatisés, ce qui facilite leur recrutement au sein de groupes radicaux.

L’extrême droite, de son côté, tire profit de la menace terroriste  et des attentats djihadistes pour assouvir son racisme et obtenir une fermeture des frontières et une mise sous surveillance des ressortissants. Elle va insister sur la barbarie des attaques terroristes alors que cette insistance prolonge la douleur des victimes et de leurs proches et réalise le souhait des terroristes, qui cherchent à obtenir un effroi le plus large possible après leurs attaques. Après le meurtre des deux campeuses scandinaves au Maroc en décembre 2018, l’extrême droite française s’était scandalisée de la pudeur de la presse qui est restée discrète sur la décapitation de l’une des jeunes filles pour préserver sa mémoire et ne pas accroitre inutilement la douleur de sa famille et de ses proches. Bien évidemment, les perpétrateurs sont intéressés que les images les plus violentes circulent et touchent le plus grand nombre afin de démultiplier l’impact de leur crime.

La France dispose d’une scène d’extrême droite sur internet très vivide, surnommée « fachosphère »  (du préfixe facho pour fasciste et sphère) décrit dans le livre de Dominique Albertini et David Doucet.[1] Cette sphère militante se manifeste particulièrement sur des blogs et des réseaux sociaux partage régulièrement les contenus terroristes produits par les djihadistes. Elle insiste également pour poster régulièrement des images volées de l’intérieur du Bataclan, où l’on voit une salle de spectacle dont le sol est couvert de cadavres et de sang. Marine le Pen elle-même, présidente du Rassemblement national, est poursuivie par la justice pour avoir diffusé sur son compte Twitter trois photos non censurées de supplices diffusées par l’EI, dont une photo de l’otage James Foley décapité.

Les narratifs jihadistes et d’extrême droite s’opposent mais se retrouvent. Tous les deux s’accordent à dire qu’aucune cohabitation n’est possible entre les musulmans et les non-musulmans. Tous les deux s’accordent aussi sur la nature profondément violente du « vrai islam ». Les textes religieux musulmans, Coran et hadiths, sont polysémiques, complexes. Ils comprennent à la fois des passages très pacifiques, humanistes, généreux et poétiques mais aussi des passages d’un grand bellicisme, violent et intolérants vis-à-vis des autres religions, y compris du Livre (Ahl al-Kitab).

Plusieurs chercheurs ont écrit comment les publications djihadistes ne citent des textes islamiques que des extraits très courts, sortis de leur contexte, afin d’isoler uniquement les plus intolérants et les plus violents. Amritha Venkatraman avait entamé ce travail d’analyse,[2] Sergio Altuna Galán[3] l’a poursuivi tout récemment à partir des publications d’AQMI. Cette lecture de la doctrine musulmane convient parfaitement aux islamophobes, en particulier d’extrême droite, qui  cherchent à mettre en avant la nécessité et presque la fatalité d’une guerre entre l’Occident et l’islam dans son ensemble. Les uns et les autres se retrouvent autour du postulat : « le vrai islam est celui de l’EI».

L’extrême droite française instrumentalise par ailleurs la doctrine de la laïcité pour exclure et marginaliser les musulmans. La laïcité s’inscrit en France dans le cadre de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat. Il s’agit d’un cadre de liberté qui assure les droits de tout croyant sans discriminer aucune conviction. L’un des médias islamophobes francophones les plus virulents, le site « Riposte laïque », est un exemple des plus frappants : il détourne ce concept et contribue à populariser parmi les musulmans français l’idée que la loi de la laïcité serait discriminatoire à leur encontre et qu’un musulman ne pourrait pas pratiquer librement sa religion. Ce narratif est l’un des piliers du recrutement des groupes djihadistes en France.

Tout processus de radicalisation implique de définir un endogroupe et un exogroupe aux frontières restrictives et contraints de s’affronter. Chaque camp radical cherche disqualifier, au sein même de sa communauté, ceux qu’il considère comme des traîtres dans cet affrontement. D’un côté, ce sera les musulmans qui acceptent de vivre sous le joug des mécréants, dans un environnement livré au péché. De l’autre, ce sera tous les « Blancs » qui acceptent la présence des musulmans voire prennent leur défense lorsqu’ils sont pris à partie.

L’avocat Emmanuel Domenach, survivant du Bataclan, a analysé[4] comment imposer ce « mythe du ‘eux ou nous’ » est l’un des effets recherchés par les attentats djihadistes. L’avocat fonde son argumentation sur un certains nombre d’interventions médiatiques ou sur les réseaux sociaux de personnalités publiques, dont des responsables d’extrême droite. Ce narrative du « nous ou eux », commun aux deux formes de radicalisation, est à l’origine de sous-narratifs identiques: par exemple, djihadistes et extrémistes de droite sont d’accord sur le fait que quelqu’un ne peut pas être à la fois Français et musulman. Une campagne terroriste, comme le rappelait Raymond Aron, n’est pas tant cinétique que psychologique. Au-delà des destructions humaines et matérielles, le groupe cherche à produire des effets sur l’ensemble de la société qu’il cible. Il vise à diviser la société, à la dissoudre, à ce qu’elle s’effondre d’elle même parce que sa cohésion aura été mise à mal par la brutalité des attentats.

Les procédés utilisés par l’extrême droite française pour propager des sentiments anti musulmans et xénophobes ont été décrits dans un article qui reprend le témoignage d’un ancien militant, surnommé « Didier ».[5] Ce dernier explique comment il était chargé de tenir une revue de presse en ligne en reprenant tous les incidents qui pouvaient produire un sentiment d’insécurité, en particulier dès qu’un étranger ou un musulman pouvait être mis en cause. Il raconte aussi le procédé d’utiliser « un pseudo à consonance musulmane et lancer des insultes aux Français, en prônant une République islamiste à Paris ou ce genre de choses. C’est très gros mais ça marche à chaque fois. » En se faisant passer en ligne pour un partisan d’un groupe djihadiste, le militant d’extrême droite parvenait à accroitre l’islamophobie parmi le public français et pousser des internautes à se sentir agressés.

Dans son dernier ouvrage, L’Avenir du terrorisme : l’EI, al-Qaeda et l’alt-right, Walter Laqueur avait fait le choix provocateur d’associer l’ultra droite aux deux têtes de la mouvance djihadiste. Parmi les parallèles qu’il dressait entre ces idéologies, il écrivait : « Tout comme les salafistes, la droite prône une société homogène qui rejette absolument les étrangers. L’alt-right est plus extrême, cependant, parce que tandis que le salafisme stigmatise les non-croyants, l’alt-right rejette des milliards sur la base de leur apparence physique.»

______________________________________

[1] La Fachosphère, comment l’extrême droite remporte la bataille du net, 2016.

[2] Amritha Venkatraman, Religious Basis for Islamic Terrorism: The Quran and Its Interpretations, Studies in conflic & Terrorism, Vol 30, 2007.

[3] Made-to-measure Qur’anic quotations: the incomplete verses of al-Qaeda in the Islamic Maghreb, Sergio Altuna Galán. ARI 72/2019 (English version) – 20/6/2019, http://www.realinstitutoelcano.org/wps/portal/rielcano_en/contenido?WCM_GLOBAL_CONTEXT=/elcano/elcano_in/zonas_in/ari72-2019-altuna-made-to-measure-quranic-quotations-incomplete-verses-al-qaeda-islamic-maghreb

[4] Perdons-nous la bataille idéologique contre le terrorisme djihadiste? Emmanuel Domenach, Slate, 19/02/2O19, http://www.slate.fr/story/173640/terrorisme-djihadiste-bataille-ideologique-attentats-democratie-etat-de-droit

[5] Un militant repenti balance les secrets de l’ultra-droite, Midi Libre, 8/10/12, https://www.midilibre.fr/2012/10/08/un-militant-repenti-balance-les-secrets-de-l-ultra-droite,574771.php

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