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Chemins, puzzles, processus: Les difficultés à définir la radicalisation

17 janvier 2020
dans Articles
Pathways, Puzzles, Processes: The Difficulties in Defining Radicalization
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Linda Schlegel 

On peut dire que l’extrémisme et le terrorisme font partie de l’existence humaine depuis des milliers d’années. Certains des premiers actes de terrorisme documentés remontent à l’Empire romain, il y a 2 000 ans[1], tandis que le terrorisme moderne remonte aux Assassins du 11e siècle2. Cependant, le concept de «radicalisation» comme voie d’accès à l’extrémisme et à la violence est relativement nouveau. Le radicalisme a eu, pendant des siècles durant, la connotation de progrès social. Si la violence pouvait faire partie de ce progrès, le radicalisme n’était pas nécessairement considéré comme une voie menant à la violence. Ce n’est que dans les années qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001 — plus précisément en 2004-2005 — que le terme «radicalisation» est apparu comme un cadre conceptuel permettant de comprendre comment et pourquoi des individus en viennent à adhérer à des idéologies extrémistes et à perpétrer des actes de terrorisme3.

Le domaine des études sur la radicalisation est donc une jeune discipline universitaire. Il est certain que les recherches sur le terrorisme sont menées depuis beaucoup plus longtemps. Les anarchistes du XIXe siècle ont fait l’objet de recherches universitaires ainsi que la vague de terrorisme de gauche en Europe et aux États-Unis dans les années 1960 et 1970 et le conflit en Irlande du Nord. Là aussi, les chercheurs ont analysé les moteurs du terrorisme, le rôle de facteurs tels que les griefs ou les structures de personnalité ainsi que la composition organisationnelle des groupes et les stratégies de recrutement en s’appuyant sur les recherches sociologiques ou sur les mouvements sociaux existants. Cependant, la radicalisation, en tant que processus de développement d’une mentalité extrémiste et d’un cadre global pour comprendre les facteurs personnels, sociaux et de méta-niveaux qui facilitent les idéologies extrémistes et poussent les individus à commettre des actes de violence, n’est apparue que récemment au-devant de la scène de la recherche universitaire.

Bien qu’un nombre étonnant de recherches aient été publiées sur la radicalisation et que des progrès aient été réalisés dans la mise au jour des processus conduisant à l’adoption d’idéologies extrémistes, des problèmes majeurs demeurent. Jusqu’à présent, la compréhension du processus de radicalisation s’est avérée être à la fois théoriquement et pratiquement ardue pour la communauté des chercheurs. La recherche et la modélisation des processus de radicalisation posent de multiples défis, notamment en ce qui concerne la clarté conceptuelle, la nature du phénomène de recherche et la nature du processus.

Clarté conceptuelle

En dépit des idées reçues selon lesquelles «je le sais quand je le vois»4, il s’est avéré tout aussi difficile de trouver une définition commune de la radicalisation que de s’entendre sur une définition universelle du terrorisme, bien que des tentatives aient été faites pour parvenir à un consensus académique5. Qui et quoi est considéré comme extrême et en dehors du courant dominant dépend du point de référence que l’on emploie et celui-ci change avec le temps. Par exemple, si le droit de vote des femmes fait partie de l’ensemble des droits et des valeurs des sociétés occidentales, ce n’était pas le cas dans l’Europe et aux États-Unis au XIXe siècle. La défense de ces droits au cours du XIXe siècle était considérée comme extrême par la société dominante. En outre, le fait de qualifier un individu ou un groupe d’individus de «radicalisés», d’«extrémistes» ou de «terroristes» peut justifier des actions légitimes et générer des implications politiques contre ce groupe. Le terme peut donc être utilisé dans le discours populaire pour façonner une certaine perception de la réalité, rallier le soutien à certaines actions et délégitimer des acteurs qui peuvent ou non être considérés comme des extrémistes dans les diverses définitions académiques du terme.

La réalité sociopolitique actuelle s’est avérée particulièrement difficile pour développer la clarté conceptuelle de la radicalisation. La définition d’une personne ou d’un acte comme radical est relative. Les dernières années ont vu un changement dans ce qu’on appelle la fenêtre d’Overton, c’est-à-dire les valeurs et les idées qui peuvent être considérées comme faisant partie du courant politique dominant. Nous avons assisté à une «pasokification»6 – un effondrement du centre nommé d’après le parti social-démocrate grec autrefois dominant Pasok, dont le soutien public est tombé de 45 % à 4 % en 2015 après avoir été écrasé par des forces plus extrêmes en Grèce – et dans de nombreux pays occidentaux –  et par l’inclusion d’idées et de valeurs dans le discours populaire qui auraient été considérées comme extrêmes et périphériques il y a dix ans7. Les définitions académiques de la radicalisation devraient-elles changer en fonction du climat social actuel ? Après tout, l’étude de la radicalisation ne porte pas seulement sur la radicalisation violente ou comportementale, mais aussi sur la recherche de la radicalisation cognitive, qui n’est qu’une radicalisation des idées. Si de plus en plus des idées extrêmes entrent dans le discours dominant, devons-nous redéfinir qui nous considérons comme radicalisé? Devons-nous développer différents modèles de radicalisation pour différents environnements politiques?

Le manque de clarté conceptuelle est problématique pour la modélisation de la radicalisation parce que les modèles développés devront inévitablement être fondés sur une base de référence — une façon de différencier les personnes radicalisées des «autres». Si cette base de référence n’est pas claire ou continue à changer, les modèles risquent de se trouver eux aussi sur un terrain instable.

La nature du phénomène

Le fait que l’activité extrémiste soit essentiellement clandestine est un obstacle évident à la recherche sur la radicalisation. Le matériel de propagande peut atteindre beaucoup plus de gens de nos jours grâce aux médias sociaux, ce qui facilite théoriquement la recherche sur la radicalisation. En effet, les communications en ligne peuvent être surveillées beaucoup plus facilement que dans des lieux physiques comme les librairies ou les mosquées. Il faut toutefois faire la distinction entre le matériel distribué par les organisations extrémistes et sa résonance auprès du public. Si la simple exposition au matériel de propagande provoque une radicalisation, des centaines de chercheurs seraient radicalisés. Sans savoir qui sont les consommateurs de la propagande et ce qui distingue ceux qui se radicaliseront de ceux qui sont exposés, mais ne changent pas d’avis, l’accessibilité des médias sociaux n’est pas nécessairement un avantage pour comprendre les processus de radicalisation.

Les médias sociaux doivent également être considérés comme faisant partie de ce que Goffman appelle la «façade»8. Ce qui est affiché et montré en ligne n’est pas nécessairement représentatif de la réalité sociale de l’utilisateur hors ligne. Les trolls, par exemple, publient délibérément des commentaires controversés pour susciter la discussion, mais ces publications ne correspondent pas nécessairement à leur vision du monde. Il faut donc faire preuve de prudence lorsqu’on juge la radicalisation en analysant les communications en ligne, surtout si elles sont élaborées à l’intention du public. Le fait de retracer l’historique des médias sociaux d’une personne peut potentiellement faciliter la compréhension de la progression des idées extrémistes dans la vision du monde de cette personne, mais le fait de fonder un modèle de radicalisation uniquement sur ces étapes publiques risque d’être incomplet ou de biaiser les facteurs que la personne partage avec le public, plutôt que de donner une image globale.

La nature du processus

Le troisième défi est la nature des sujets de recherche. Tout comme la recherche sur le terrorisme, l’étude de la radicalisation repose trop sur l’étude des personnes qui ont été arrêtées, car celles qui n’ont pas été arrêtées ne sont pas facilement accessibles. Cela signifie généralement que les recherches menées sur des personnes radicalisées ont lieu à un stade très avancé de leur processus de radicalisation — si elles n’avaient pas agi contre la loi, elles n’auraient pas été arrêtées et ne seraient donc pas accessibles aux chercheurs. Afin d’obtenir des modèles précis de la radicalisation, les chercheurs devraient avoir accès aux personnes à chaque étape du processus de radicalisation. C’est un objectif irréalisable et le manque d’accès signifie que les modèles de radicalisation sont, au mieux, des reconstructions des processus de radicalisation ou des tentatives théoriques. Les comptes rendus rétrospectifs — même s’ils sont donnés au mieux des capacités de l’individu — sont généralement biaisés. Cela est dû au fait que notre état d’esprit ou notre système de croyances actuel altère souvent notre souvenir des événements et des motifs passés. Les sujets de recherche peuvent, sans le savoir, accorder trop d’importance à certains facteurs ou les sous-représenter dans leurs exposés, ou ils peuvent ne pas être conscients des facteurs qui ont conduit à leur changement de vision du monde. En tant qu’êtres humains, nous sommes des agents réfléchis, mais dans le cadre de processus multidimensionnels de changements cognitifs ou comportementaux, il se peut que nous ne soyons pas en mesure de donner un compte rendu complet des raisons et des facteurs sous-jacents à l’origine de ces changements.

La radicalisation est un processus hautement individualisé. Ranstorp parle d’un «kaléidoscope» de facteurs9 contribuant à la radicalisation et l’image qui en ressort est différente pour chaque individu. La radicalisation ne suit pas des étapes uniformes selon des schémas en escaliers, en pyramides ou en entonnoir, même si les modèles incorporent toute une gamme de facteurs et permettent un degré de flexibilité relativement important10. La modélisation de la radicalisation comporte le risque d’une simplification excessive ou d’une exclusion de facteurs que le chercheur ne considère pas comme importants. Cela est particulièrement vrai parce que des différences individuelles difficiles à observer, comme la perception de l’auto-efficacité, peuvent rendre difficile la distinction entre la radicalisation cognitive et la radicalisation comportementale11.

De façon simple, aucun modèle ne pourra expliquer adéquatement tous les cas de radicalisation. Cela est d’autant plus vrai que la plupart des modèles (et la majeure partie de la recherche sur l’extrémisme d’ailleurs) sont axés sur le djihadisme. Bien qu’il existe des modèles qui cherchent à expliquer la radicalisation de droite, d’autres formes d’extrémisme, comme l’extrémisme de gauche ou le terrorisme lié à une cause particulière, ne font pas l’objet de recherches suffisantes en ce qui concerne la radicalisation. On ne peut pas encore déterminer si les mécanismes sous-jacents ou la radicalisation sont les mêmes pour les extrémistes religieux, ethnonationaux, de droite, de gauche et liés à un problème unique. Il est néanmoins peu probable qu’un modèle unique de radicalisation puisse un jour rendre compte de la diversité individuelle et idéologique de manière adéquate et être applicable dans tous les contextes.

Conclusion

La façon dont nous conceptualisons et modélisons la radicalisation n’est pas simplement un sujet de débat académique. Elle façonne les politiques de prévention et lutte contre l’extrémisme violent, guide l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation des programmes, et soutient les spécialistes dans leur travail de déradicalisation. Par conséquent, un débat continu sur la nature du processus de radicalisation et sur les conditions et les étapes qui le facilitent est nécessaire. D’autres recherches doivent être menées pour comparer et opposer les voies de la radicalisation dans différentes idéologies et dans différents environnements politiques afin de faciliter une compréhension plus holistique de la radicalisation et, par conséquent, une approche plus globale pour contrer l’extrémisme et la radicalisation dans le monde d’aujourd’hui.

Références

1 Koomen, W. and van der Pligt, J., The Psychology of Radicalization and Terrorism, Routledge: Oxon (2018).

2 Khosrokhavar, F. , Radicalization: Why Some People Choose the Path of Violence. The New Press: New York  (2017).

3 Schmid, A., Radicalisation, De-Radicalisation, Counter-Radicalisation: A Conceptual Discussion and Literature Review, ICCT Research Paper, Retrieved from: https://www.icct.nl/download/file/ICCT-Schmid-Radicalisation-De-Radicalisation-Counter-Radicalisation-March-2013_2.pdf (2013).

4 Gewirtz, P., On “I know it when I see it”,  Yale Law Journal. Vol. 105 (4). Extrait de: https://digitalcommons.law.yale.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=7665&context=ylj (1996).

5 Bötticher, Towards Academic Consensus Definitions of Radicalism and Extremism, Perspectives on Terrorism, Vol. 11 (4), Extrait de: http://www.terrorismanalysts.com/pt/index.php/pot/article/view/623/html (2017).

6 Bartlett, J., Radicals Chasing Utopia: Inside the Rogue Movements Trying to Change the World. Nation Books: New York, (2017).

7 Ibid.

8 Goffman, E., The Presentation of Self in Everyday Life, Penguin Books: London, (1990 [1959]).

9 Ranstorp, M., RAN Issue Paper: The Root Causes of Violent Extremism, Extrait de: https://ec.europa.eu/home-affairs/sites/homeaffairs/files/what-we-do/networks/radicalisation_awareness_network/ran-papers/docs/issue_paper_root-causes_jan2016_en.pdf (2016).

10 De Coensel, S., Processual Models of Radicalization into Terrorism: A Best Fit Framework Synthesis, Journal for Deradicalization, Vol. 17, pp. 89-127, (2018).

11 Schlegel, L., “Yes, I can”: what is the role of perceived self-efficacy in violent online-radicalisation processes of “homegrown” terrorists?, Dynamics of Asymmetric Conflict, (2019).

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