Amrita Bhinder
Amrita Bhinder est une chroniqueuse et panéliste célèbre travaillant pour de grands quotidiens. C’est également une avocate auréolée de 15 ans d’expérience dans divers domaines juridiques, allant de la court suprême aux groupements coorporatifs, en passant par les tribunaux de conseil.
Amrita était la figure de proue d’un conglomérat américain lorsqu’elle décida de renoncer à son travail pour prendre part activement au changement en Inde. Elle a une expérience en politique et a d’ailleurs exercé comme porte parole du Bhartiya Janata Yuva Morcha (BJYM) à Chandigarh. Amrita est actuellement membre de l’équipe de direction nationale dudit parti.
L’article 370 de la constitution indienne est une clause temporaire qui attribue un « statut spécial » à l’état du Jammu-et-Cachemire (ou Cachemire tout simplement). Mais le gouvernement indien a abrogé cette loi vieille de soixante-dix ans la semaine dernière.
L’assemblée constituante du Jammu-et-Cachemire était un corps de représentants élus en 1951. En 1956, ladite assemblée soulignait clairement dans le préambule de la constitution du Cachemire, se référant au rattachement du Cachemire à l’Inde qui eut lieu le 26 octobre 1947, qu’il s’agissait d’une partie intégrante de l’Union indienne. Mais au fil des jours, l’article 370 s’avère tenace, immunisant l’état contre les lois nationales et le laissant en proie aux hommes politiques locaux qui ont fait de lui leur fief. Pendant ce temps, les leaders séparatistes s’assuraient de ce que les revendications de liberté (azaadi) soient toujours d’actualité.
Tous les efforts consentis pour révoquer l’article 370 et faciliter une véritable autonomisation et un rattachement du Jammu-et-Cachemire à l’Union indienne étaient contrecarrés par de riches et puissants despotes qui bénéficiaient du conflit gelé. La laïcité est un principe majeur de la constitution indienne, mais le fait d’avoir une majorité musulmane au Cachemire était utilisé à titre dissuasif contre une Inde en majorité hindoue qui phagocyterait complètement la région. Cette situation a non seulement alimenté le conflit, mais aussi participé à la non prise en compte des populations minoritaires de la région. Les musulmans sont majoritaires dans la Valée du Cachemire, alors que Le Jammu est principalement constitué d’hindous. La région du Ladakh quant à elle est un ensemble mixte, composé non seulement de bouddhistes et de musulmans, mais aussi de gujjars et de bakarwals.
Pour la première fois en 2018, après plus d’une décennie d’efforts, les leaders locaux cachemiriens ont pu prendre part à un processus démocratique: des élections législatives et municipales, dirigées par le gouvernement Narendra Modi et observées par le ministère des Affaires intérieures. Les deux plus importants partis politiques indiens, à savoir la Conférence nationale (NC) et le parti populaire démocratique du Jammu-et-Cachemire (JKPDP) se sont de manière prévisible, opposés à ces élections législatives. C’est dire combien Mr Omar Abdullah et Mme Mehbooba Mufti, anciens ministres en chef du Jammu-et-Cachemire et présidents respectifs de ces partis (la deuxième étant toujours à la tête de son parti) ce sont battus pour l’annulation du processus qui, si elle n’est pas obtenue, mènerait à l’autonomisation du peuple, une politique conforme aux revendications des militants soutenus par le Pakistan et les leaders séparatistes.
Évidemment, les facteurs nationaux sont importants, mais sans la propagande transfrontalière du Pakistan à l’endroit du peuple musulman, il est difficile d’imaginer une crise cachemirienne plus violente que celle d’aujourd’hui. Le « statut spécial » du Cachemire qui vise à calmer les tensions dans la région est la preuve du cadeau fait à Islamabad dans sa campagne de désinformation et d’incitation dans la région, qui se sert de la religion pour encourager des mouvements séparatistes et terroristes à se dresser contre l’Inde.
L’article 370 favorisait un cadre dans lequel la corruption, le terrorisme et l’aliénation de l’état prospèrent au Cachemire. Cet article nourrissait, et faisait même de la notion de séparatisme un idéal. Par conséquent, il devenait facile pour les extrémistes, soient-ils nationaux ou internationaux de se servir de cette cause pour aliéner la jeunesse et l’utiliser à des fins militaires contre l’Inde. Cette dynamique illustre à suffisance l’attentat de Pulwama perpétré en 2019. En effet, lors de cette attaque, un Kamikaze (indien du Cachemire) endoctriné par une organisation terroriste étrangère a foncé sur un convoi des forces paramilitaires, tuant 44 personnes et provoquant une vague de violences entre l’Inde et le Pakistan la veille d’une élection en Inde.
Le sentiment de puissance alimenté au Cachemire par le « statut spécial » que confère l’article 370 est une réalité illusoire. Cet arrangement constituait un obstacle à l’application équitable de l’état de droit, et un frein au développement du pays. La révocation de l’article 370 déblaye donc le chemin au Jammu-et-Cachemire, afin que ce territoire occupe finalement la place qui lui revient, et devienne partie intégrante de l’Inde.